Parents et ados expatriés : renouons le lien !

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L’expatriation avive les émotions. Et la période de l’adolescence aussi. Un tourbillon dans lequel les parents se trouvent embarqués. Les contraintes qu’impose le fait de vivre à l’étranger tant au niveau de la scolarité, de l’adaptation, de l’intégration créent une pression supplémentaire dans la relation parents-enfants. Quels sont les points à surveiller ? Comment renouer le dialogue sans pour autant avoir l’impression de faire trop de concessions ? Comment aider son enfant au mieux ?


L’expatriation, un cas particulier pour nos adolescents

Comprendre les aboutissants de chaque facette de l’expatriation à travers le prisme de l’adolescence permet aux parents de mieux les aider.

Une indépendance souvent remise en cause

Les repères étant changés, les règles de vie que nous avions mis en place en France sont à mettre à jour dans ce nouveau contexte. Et souvent, la liberté que nous accordions à nos enfants se voit restreinte pour diverses raisons : par exemple, dans certaines villes, on ne circule pas à pied, les transports en commun ne sont pas pratiques, ou encore nous ne connaissons pas assez la culture locale pour accepter aussi facilement que notre ado aille dormir chez un copain.

Ce recul dans la recherche d’indépendance, pourtant nécessaire à cet âge, provoque bien sûr des frustrations qu’il faut gérer.

Les méandres du parcours scolaire

La période de l’adolescence, c’est le moment où le choix du parcours scolaire se dessine. Un choix lourd, qui implique, qui engage et que les enfants ne sont pas toujours prêts à endosser. Pour les ados expatriés, le poids est encore plus important. Car les possibilités sont grandes. Ils cherchent aussi à ce que leurs choix soient compatibles avec leur envie de vie (que ce soit celle de rester dans le pays d’expatriation ou plutôt celle d’un éventuel retour en France). Les parents recherchent alors des solutions pour à la fois gérer la vie de famille et respecter les souhaits de leur enfant.

Et bien sûr, les équivalences des différents diplômes entre les pays rajoutent encore un peu de nœuds au cerveau !

Toutes ces questions ont tendance à créer un climat instable, souvent conflictuel car elles impliquent des points de vue qui ne vont pas toujours dans le même sens.

Entre deux cultures

Nombreux sont les parents qui souhaitent que leur enfant ait le même niveau en français que ceux restés en France. Un niveau d’autant plus difficile à atteindre que l’ado baigne dans une autre langue. Si certains le lisent et l’écrivent sans problème, d’autres ont de réelles difficultés. Par ailleurs, les programmes de la fin du collège et du début du lycée sont plus focalisées sur la compréhension et l’analyse des textes : une bonne culture littéraire qu’il faut travailler. Là encore, la dissonance entre les attentes des parents et la volonté et l’engagement de l’adolescent dans son propre apprentissage a pour conséquence une vie familiale souvent tourmentée. Certains adolescents vont même jusqu’à rejeter le français !(1)

L’adaptation sociale

Les adolescents se voient aussi confrontés au besoin de faire partie d’un groupe, de participer aux activités de leurs copains, de « faire comme les autres ». Ce besoin est normal car c’est ainsi qu’ils s’adaptent le mieux. Et cela va souvent à l’encontre de notre besoin de garder nos racines, notre patrimoine, notre propre culture.

Par ailleurs, souvent arrachés à leurs copains de France, ils ont du mal à s’intégrer à des groupes d’adolescents qui se connaissent depuis longtemps. Ils peuvent alors se réfugier vers les réseaux sociaux ou se déconnecter de la réalité. L’isolement, le repli sur soi est un danger sur lequel il faut veiller.


Comment mettre en place une relation plus sereine ?

Il n’y a pas de recette. Nous vivons au jour le jour avec notre adolescent et l’accompagner quotidiennement est notre rôle.

Même si ça ne paraît pas toujours facile, le fait de suivre ces quelques conseils peut vous aider.

Accueillir les émotions

Être triste parce qu’on laisse des amis, en colère parce qu’on ne peut pas sortir quand on le souhaite, ou encore euphorique parce qu’on a réussi dans une matière difficile, ce sont des émotions qui sont toutes acceptables. Savoir les nommer, les voir permet aux parents de mieux comprendre leur enfant. Même si la réaction à cette émotion est souvent vive, le fait de comprendre que c’est la conséquence d’une émotion permet de voir le tableau sous un autre angle. « Non, votre enfant ne me cherche pas, ce n’est pas une attaque dirigée contre moi » ou encore « il a le droit d’être fâché : en France, il pouvait sortir comme il le voulait ».

Cette différenciation entre les émotions que traverse votre enfant et l’identité profonde de celui-ci fait que vous allez peu à peu vous mettre dans un état d’esprit où vous serez plus à même de l’aider.

Être à l’écoute

Prendre le temps de se poser et de discuter avec notre ado est un point important. Le fait de l’écouter sans jugement va lui permettre de se sentir de plus en plus en confiance. Donner son point de vue de parents sans chercher à l’imposer va aussi donner à votre relation une dimension plus grande : c’est une manière de lui indiquer que même si vous avez votre propre avis, le sien compte aussi.

Voir la situation telle qu’elle est

L’expatriation étant un grand bouleversement, nous avons tendance à tout voir à travers nos préjugés. Un exemple : certaines personnes ne se sentent pas en sécurité aux Etats-Unis, même si le voisinage est très tranquille. Les rumeurs sur les armes ajoutent à ce sentiment d’insécurité. Prendre du recul, en parler autour de soi, comprendre les tenants et aboutissants va permettre d’avoir une vision plus juste de la situation. Et peut-être accepter que notre enfant aille passer la nuit chez le voisin, en toute connaissance de cause.

Démêler les nœuds grâce à l’écriture

Oser écrire ! Mettre des mots sur ce que vous vivez avec votre adolescent va vous permettre de voir la situation sous un nouveau jour.

Proposer aussi à votre enfant d’écrire un peu chaque jour sur ce qu’il vit. Loin du journal intime à l’eau de rose, le fait de tenir un carnet des pensées va permettre de mettre un peu de distance avec ce que vit votre enfant et les émotions qu’il ressent. Une mise à plat nécessaire qui apaise les angoisses.


S’installer l’étranger est un grand chamboulement mais c’est aussi et avant tout une réelle aventure. Une aventure qui dans bien des cas rapproche les membres de la famille. Accompagner votre adolescent dans cette période est juste une autre facette de cette belle expérience qu’est l’expatriation ! Écouter, comprendre, échanger sont les maîtres mots pour une relation plus sereine. Et soyez en certains : votre adolescent ressortira de cette expérience avec une meilleure capacité à s’adapter et une vision plus large sur le monde.

Et vous ? Comment vivez-vous votre relation avec votre adolescent dans le cadre de l’expatriation ? Partagez vos expériences sur le groupe Facebook Expats Parents


Ecrit pour Expats Parents par Catherine Allibert, écrivain et accompagnatrice des enfants expatriés dans le monde de la langue française.
Son site : Une histoire de ninjas et de samourais : "Apprendre le français avec la souplesse du ninja et la rigueur du samouraï ! "
Elle anime aussi le groupe Facebook : Français à la maison : partage soutien et conseils 

A lire, du même auteur,  sur le rejet du français : Papa craque, Maman craque : que faire quand notre enfant ne veut vraiment pas s'y mettre ?
(1) et aussi : Parents et expatriés : comment rester zen?
Et aussi : Petit guide des ressources pour l’apprentissage du français, à destination des enfants expatriés