L’expatriation, c’est un peu comme la naissance de notre premier enfant : nous passons à une nouvelle étape de notre vie, nous ne savons pas trop où nous allons, ce qu’il va se passer, comment ça va se passer, aucune idée même si nous allons y arriver. Mais nous y allons quand même. Quand dans notre sillon, nous embarquons toute notre famille, nous devons alors faire face à des situations encore différentes. Qui est-il, ce parent expatrié ? Quelles sont ses particularités ? Et surtout comment fait-il pour aborder sereinement l’éducation et la parentalité dans ce bouleversement familial et personnel à la fois ?
Le statut de parents
Lorsque l’on est parent, on se pose déjà beaucoup de questions : quelle éducation pour mes enfants ? Comment transmettre mes valeurs ? Comment, au jour le jour, accompagner cet être en pleine évolution ? On se pose aussi des questions sur l’école et le futur. L’idée n’est-elle pas de donner le meilleur à notre enfant ?
Et puis, il y a toutes les inquiétudes, ces doutes, ces « et si… » qui dressent un tableau souvent noir. « Et si mon enfant redouble ? », « Et si mon enfant était dyslexique ? » « Et s’il n’y arrivait pas… »
Il y a encore - et heureusement ! - d’autres jours où nous voyons tous les progrès de notre enfant, où nous nous émerveillons de cet être si cher et où nous nous gonflons d’orgueil devant tous ses talents.
Ces hauts et ses bas font partie de la vie de parents. Nos inquiétudes nous aident à avancer, notre prise de conscience des résultats nous conforte dans notre rôle.
L’expatriation, un autre enjeu
Face à l’expatriation, nous, en tant qu’individu, avons tendance à perdre nos repères. Partir seul est déjà délicat. La découverte de nouvelles cultures, d’autres manières de voir la vie, d’autres systèmes de fonctionnement nous déstabilise et remet parfois en cause notre propre opinion, nos propres croyances et même notre propre comportement.
L’expatriation nous déracine, nous bouscule, nous malmène. Nous gérons ce changement du mieux que l’on peut en essayant de trouver un équilibre entre sa propre identité et celle qu’il nous faut adapter à ce nouvel environnement.
Parentalité et expatriation
Quand les deux concepts « parentalité » et « expatriation » se croisent, les problématiques s’y ajoutent, voire se multiplient. Les doutes sont décuplés : « avons-nous bien fait de les emmener avec nous dans cette aventure ? » « N’avons-nous pas fait une bêtise en les confrontant à une situation si déstabilisante ? » « Que vont-ils retenir de cette expérience ? ». Les succès sont aussi vécus plus intensément : l’intégration est la plupart du temps réussie. Et quelle la fierté lorsque nous voyons notre enfant parler plusieurs langues !
La question du parcours scolaire aussi revient plus fort que s’ils étaient « sagement » restés en France. Quels sont les équivalents entre les pays ? Comment passer d’un système scolaire à l’autre ? Les programmes sont-ils les mêmes ? La manière d’enseigner va-t-elle leur convenir ? S’y ajoute les inquiétudes quant au maintien de la culture et de la langue françaises à la maison.
Et puis, pour certains, il y a enfin la problématique du retour. Pas facile de revenir après une telle expérience. Se préparer et préparer les enfants ne sont pas une mince affaire.
Des parents expatriés zen, c’est possible ?
Au milieu de tous ces questionnements, nous, parents expatriés, nous nous retrouvons parfois démunis, impuissants, épuisés.
Comment gérer toutes ses questions, tous ces doutes ? Comment ne pas se sentir submergés par l’angoisse de mal faire ? Comment s’en sortir et aller de l’avant ?
Voici quelques conseils, donnés par des parents eux-mêmes * :
- Écouter ses enfants : oui, les écouter sincèrement, sans les juger. Connaître leur point de vue, comprendre ce qu’ils peuvent ressentir. Cela permet déjà d’y voir plus clair dans notre relation avec eux.
- Communiquer clairement avec eux : vous ne savez pas combien de temps vous allez rester dans ce pays. Pourquoi le cacher à votre enfant ? (C’est une vraie question : peut-être que dans votre famille, il vaut mieux taire cette information. Vous êtes le mieux à même d’en décider !). Toujours est-il que plus vous serez authentique avec votre enfant, plus il sera authentique avec vous. Osons partager nos incertitudes, notre scepticisme, notre perplexité face à cette nouvelle culture. Pour vivre ensemble et soudés cette aventure.
- Soutenir ses enfants pour les aider chaque jour : avec l’écoute vient aussi le plan d’action ! Oui, osons les épauler et les accompagner dans ce changement. De l’aide à la compréhension des devoirs à l’invitation de copains « locaux », tout est prétexte à mieux vivre ensemble dans cette nouvelle situation.
- Profiter de l’instant : « Oh l'avenir, c'est ce qu'on a inventé de mieux pour gâcher le présent ! » disait Brigitte Bardot dans le film « Et Dieu créa la femme »… Prendre conscience de tous ces micro-moments qui forment une journée, arrêter de se projeter dans un futur par nature incertain et savoir profiter de chacun de ces instants présents forgent un état d’esprit précieux, qui nous renforce, qui nous nourrit et qui nous prépare aussi aux imprévus que pourra rencontrer notre famille.
- Casser l’isolement : rapprochez-vous d’un groupe de parents expatriés. Vous n’êtes pas seuls à vivre cela. Et si la recette de l’un n’est pas obligatoirement celle qui va convenir à l’autre, ce genre de groupes permet au moins de se poser les bonnes questions et de se sentir entourés et soutenus.
- Oser demander de l’aide : quand plus rien ne va, il faut savoir se rendre compte que nous avons besoin d’aide. Cet aide peut être psychologique, ce peut être aussi une aide sur certains points précis : améliorer le français, apprendre la nouvelle langue, voire même simplement avoir une aide ménagère pour prendre du temps pour soi ! Parfois, le simple fait de demander nous soulage déjà !
La recherche de cette sérénité pour nous parents expatriés est un travail de tous les jours. Les aléas de notre situation font que le cocon familial est souvent plus resserré que dans une famille qui n’a pas connu le frisson de l’expatriation. De ce fait, les sentiments peuvent y être plus intenses. Notre rôle de parents n’en est que plus riche ! À nous de le vivre pleinement !
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* Ces conseils viennent de mes notes suite à des conversations avec des parents expatriés lors de réunions gratuites par Skype pour faire le bilan sur les solutions possibles à mettre en place pour maintenir, pour nos enfants, le niveau de français à la maison. Plus d’informations sur mon site.
Ecrit pour Expats Parents par Catherine Allibert, écrivain et accompagnatrice des enfants expatriés dans le monde de la langue française.
Son site : Une histoire de ninjas et de samourais : "Apprendre le français avec la souplesse du ninja et la rigueur du samouraï ! "
Elle anime aussi le groupe Facebook : Français à la maison : partage soutien et conseils