Un enfant expatrié est régulièrement confronté aux incertitudes et changements qui génèrent souvent inquiétudes, peurs et doutes. Ce sont des phases de transitions délicates, quels que soient leur âge. Changer d’école, d’amis ou ne pas savoir combien de temps ils resteront dans leur environnement actuel sont souvent d’importantes sources de stress. Cet article propose deux pistes pour aider nos enfants expatriés à mieux comprendre leurs inquiétudes.
Piste 1 : Expliquer à nos enfants comment fonctionnent leurs émotions
Les enfants ont besoin de comprendre qu’il est normal de ressentir ce qu’ils ressentent. La vie est faite d’incertitudes et de changements. Pour tout le monde, sans exception, ces phases génèrent des inquiétudes, des peurs et des doutes, parfois de la colère, de la tristesse...et aussi de la curiosité, de l’excitation et de la joie ! Nous expérimentons tous un impressionnant mélange d’émotions ! C’est une réalité autant pour les adultes que pour les enfants.
Vous pouvez leur expliquer, qu’il n’y a pas de bonne ou de mauvaise émotion. Chaque émotion a sa fonction. C’est normal qu’elles réagissent. C’est leurs rôles. Nos émotions ont besoin de s’exprimer pour nous aider à avancer. Elles nous envoient des messages pour nous permettre de comprendre quels sont nos besoins. La tristesse par exemple est essentielle pour nous aider à tourner une page et nous permettre ensuite de créer autre chose. L’inquiétude est là pour nous protéger d’un potentiel danger. La colère peut signifier qu’une de nos valeurs est mise à mal.
Ce qu’il est important de comprendre c’est que nous ne sommes pas nos émotions. Nous expérimentons ces émotions, mais elles ne nous définissent pas. Nos émotions vont et viennent, elles ne durent pas…aussi longtemps que nous veillons à ne pas les refouler, ni d’y rester coincé trop longtemps. La clé est d’apprendre à bien les digérer.
Astuce : Accueillir les émotions de nos enfants
Pendant ces périodes d’incertitudes et de changements, nos enfants ont surtout besoin d’une vraie écoute pour accueillir leurs émotions… d’un espace pour exprimer et accepter tout ce qu’ils ressentent. Une manière très efficace de les écouter, c’est de leur faire savoir que nous comprenons ce qu’ils ressentent, de par exemple nommer leurs émotions, et surtout de leur laisser un espace pour s’exprimer. C’est tout ! Pas besoin de les rassurer, de leur porter secours, d’essayer de proposer des solutions, ni de tenter de régler leurs problèmes à leur place… simplement les écouter. Cette écoute est un immense cadeau que nous leur offrons !
Piste 2 : Expliquer à nos enfants comment fonctionne leur cerveau
Pour les aider à mieux apprivoiser leurs inquiétudes, nous pouvons leur expliquer le fonctionnement de leur cerveau. C’est aussi une manière de normaliser leur situation. Ils comprendront que ce qu’ils expérimentent est le fonctionnement normal de tout être humain et que derrière leurs réactions… il y a un héritage ancestral !
En effet, notre cerveau a hérité d’un biais négatif qui date de l’époque des hommes des cavernes ! Sa priorité était alors de nous protéger des dangers. Il y a des milliers d’années, c’est ce qui nous a permis de ne pas nous faire manger tout cru par une bête sauvage. En attachant de l’importance à ce qui ne fonctionne pas, à ce qui pourrait mal se passer, en étant à l’affût des possibles catastrophes… nous avons pu survivre à une époque où les dangers étaient une question de vie ou de mort. C’est de là que nous avons hérité notre tendance à nous inquiéter : aujourd’hui encore, notre cerveau passe son temps à scanner ce qui pourrait potentiellement nous mettre en danger.
Cette partie de notre cerveau est bien sûr encore très utile lorsqu’on fait face à un danger réel, comme par exemple celui d’une voiture qui fonce vers nous à tambour-battants : cela va nous permettre de réagir et nous mettre à l’abri du danger. Pourtant, dans notre société actuelle, ces situations sont rares et les dangers ne sont plus les mêmes. Aujourd’hui, le biais négatif de notre cerveau a plutôt tendance à nous desservir. Pourquoi ?
Parce ce que nos inquiétudes nous poussent à imaginer le pire non plus pour nous protéger d’un danger imminent, mais d’un hypothétique danger dans le futur ! Le problème, c’est que nos pensées peuvent se projeter dans le futur ; mais notre cerveau, lui, reste dans le présent et croit dur comme fer que ce que nous imaginons est réel et se déroule maintenant ! Il lance alors l’alerte et envoie des signaux à nos émotions et notre corps pour nous faire réagir. C’est dans ces moments-là que nous ressentons de l’anxiété… alors même que le danger n’existe pas ! Et en l’absence de danger, aucune action ou résolution de problème n’est possible !
Des recherches ont pu démontrer que la grande majorité de nos peurs et inquiétudes pour le futur ne se réaliseront jamais. Rick Hanson, célèbre neurologue et psychologue, explique dans son livre « Le cerveau du bonheur » que la configuration par défaut de notre cerveau nous incite à surestimer les menaces et à sous-estimer les opportunités.
Comprendre l’héritage de notre cerveau et ce qu’il cherche à faire pour nous, permet de relativiser ce que l’on ressent et d’apprivoiser nos inquiétudes.
Astuce : Respirer et méditer pour aider nos enfants à reconnecter avec leur cerveau rationnel
Pour calmer leurs inquiétudes, il existe un outil à portée de main : la respiration. Lorsque nous prenons le temps de respirer profondément pendant quelques minutes, nous aidons notre cerveau à quitter son état d’alerte et à se reconnecter avec sa partie rationnelle. Nous pouvons proposer à nos enfants d’inspirer par le nez en comptant jusqu’à 4 et d’expirer par la bouche en comptant jusqu’à 6.
Vous pouvez aussi leur proposer un exercice de méditation : s’allonger sur le dos, les plus petits, peuvent déposer un petit jouet sur leur ventre (par exemple un bateau en plastique) et respirer profondément de manière à gonfler et vider leur ventre… en se concentrant sur leur respiration, en observant leur petit bateau bouger, comme sur les vagues de l’océan. Cela leur permet de se recentrer sur le présent et de calmer leurs inquiétudes.
Conclusion
Nos enfants ont souvent de la peine à comprendre ce qu’il se passe en eux. En leur donnant ces deux pistes, ces explications sur le fonctionnement de tout être humain, nous les aidons à normaliser leur situation et à mieux comprendre et apprivoiser leurs inquiétudes liées aux incertitudes de l’expatriation.
Ecrit pour Expats Parents par Nancy Bonamy, Coach et blogueuse, Formations & Coaching
Son site : https://www.nancybonamy.com/
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