Avoir une bonne estime de soi est important pour faire face aux nombreux défis de la vie, et plus particulièrement lors d'une expatriation. Comme les adultes, les enfants expatriés sont confrontés au choc culturel, à l’apprentissage d’une nouvelle langue et à de nombreux autres changements dans leur vie quotidienne. Lors de cette expérience, l’estime de soi peut être mise à mal comme elle peut également se développer.
En tant que parents nous pouvons les aider à accroître leur estime d’eux-mêmes.
Mais alors, comment faire ? Quelle est notre marge d’action dans la construction de l’estime de soi de nos enfants ? Et quels sont les bénéfices d’une bonne estime de soi pour nos enfants ?
Qu’est-ce que l’estime de soi et comment se construit-elle ?
Commençons par quelques explications,
L’estime de soi est la façon dont on se perçoit, la valeur et le jugement que l’on porte sur soi.
Elle se constitue tout au long de notre vie et cela dès le plus jeune âge.
Ça commence par la façon qu'ont les parents de communiquer et d'interagir avec l’enfant. Ainsi que la place qu'il lui est accordée au sein de la famille.
Viennent ensuite les interactions et expériences avec l’entourage proche, puis l’école ou le lieu de garderie. Dans ces lieux, l'enfant va apprendre petit à petit ce que la société attend de lui et comment les autres, hors cadre familial, le perçoivent.
A l'école, l'enfant va être amené à se comparer avec ses autres camarades et se définir une place au sein de la classe. Cette place sera en grande partie définie par le regard et jugement des autres, adultes comme enfants. Ce qui va participer à définir une bonne ou une mauvaise estime qu’il aura de lui-même.
Ne se limitant pas à ces cadres, elle se construit également via les expériences positives comme négatives dans la vie en général.
Celle-ci varie aussi selon le contexte : un enfant peut avoir une bonne estime de lui-même sur le plan social et une estime moyenne sur le plan scolaire par exemple.
Pourquoi est-ce important de développer l’estime de soi dès l’enfance ?
C’est important car un enfant qui a une bonne estime de lui-même ne va pas voir et vivre le monde de la même façon qu’un enfant qui a une mauvaise estime de lui-même.
Une bonne estime de soi accroît la confiance en soi, en ses qualités et en ses capacités. En d'autres termes, elle permet de se sentir bien dans ses baskets.
De plus, il ne faut pas oublier qu’un enfant est un adulte en devenir. Un grand nombre de blessures que nous avons à l'âge adulte trouve leurs origines dans notre enfance.
Il n’est donc pas inutile de favoriser l’estime de soi de nos enfants dès le plus jeune âge afin qu’ils soient à l'aise avec eux-mêmes et le monde dans lequel ils vivent.
Un réel plus en expatriation !
L’estime de soi est un réel plus pour les enfants amenés à vivre de grands changements dans leur vie, tels que l'expatriation.
L’expatriation est un avantage dans la vie de nos petits, elle est riche en expériences et en apprentissages. Seulement, c’est aussi un grand défi, surtout dans les premiers temps où de nombreuses ressources sont mobilisées.
Un enfant qui a une bonne estime de lui-même sera plus confiant, il réussira à s’adapter et à faire face aux difficultés plus aisément.
Un enfant qui a une bonne estime de lui-même va être en capacité de :
- Faire face aux changements plus facilement,
- Faire face au choc culturel,
- Exprimer ses besoins, ses sentiments, ses idées et ses préférences,
- Avoir une vision plus juste de lui-même
- Déterminer ce qui le différencie des autres,
- Faire des choix,
- Se fixer des objectifs réalistes,
- Avoir confiance en l’avenir,
- Oser prendre des risques et de se donner le droit à l’erreur,
- Rester motivé à apprendre et à avancer,
- Avoir des relations positives avec les autres,
- Se faire confiance et de faire confiance aux autres,
- Se faire respecter,
- Oser prendre la parole dans une autre langue,
Que faire en tant que parents pour accroître l’estime de nos enfants ?
Notre rôle en tant que parents est d’éduquer nos enfants, bien sûr, mais surtout de les accompagner dans les différentes étapes de la vie, dans leur développement, et leur fournir toutes les clefs pour qu'ils puissent se construire et s’épanouir dans leur vie présente et future.
OK sur le papier c’est parfait ? Dans la vraie vie, c’est autre chose. (Courage ! Vous faites de votre mieux.)
Alors quels sont les points sur lesquels nous pouvons avoir une action pour aider à augmenter l’estime de soi de nos chèr(e)s petit(e)s ?
● Démontrez à votre enfant que vous l’aimez tel qu’il est, sans condition, et non pour ce qu’il fait ou pour son apparence. Vous pouvez le faire en lui disant souvent que vous l’aimez et en vous montrant affectueux.
● Accordez du temps à votre enfant. Chaque fois que vous passez du temps de qualité avec lui et que vous êtes attentif à lui, vous lui montrez qu’il a de la valeur à vos yeux. Par exemple, laissez vous embarquer dans l’un de ces jeux ou faites une activité que vous aurez choisie ensemble.
● Intéressez-vous à ce qu’il fait. Vous êtes au centre de son univers, en plus d'accroître la communication, en s'intéressant à ce qu’il a fait, il se sentira valorisé et inclus dans la sphère familiale. Par exemple, vous pouvez lui demander ce qu’il a aimé faire dans sa journée d’école ou à quoi il est en train de jouer.
● Valorisez les efforts de votre enfant et ses succès. L’effort qu’il met dans une tâche est plus important que le résultat. Il faut donc valoriser le courage, la détermination qu’il y met. Encore plus si vous savez que celle-ci est pénible pour lui. Dans ce cas, il est important de l’encourager mais aussi de lui faire remarquer, une fois la tâche finie, à quel point il a été courageux. Cela va lui montrer qu’il peut compter sur vous pour le soutenir mais aussi et surtout qu’il est capable, qu’il peut se dépasser en cas de difficulté et qu’il peut être fier de lui.
● Développez le sentiment de confiance de votre enfant. Lui montrer qu’il peut vous faire confiance en le soutenant et qu’il peut avoir confiance en lui en le valorisant est un pas important vers l’estime de soi.
● Aidez votre enfant à remarquer ses forces. Il ne s'agit pas là de toujours le complimenter, mais de porter attention à ce qu’il fait. Quand il réussit bien quelque chose, quand il trouve lui-même des solutions à un problème, faites-le-lui remarquer pour qu’il en prenne conscience. Montrez-lui la fierté que vous ressentez, tout en lui demandant s’il est, lui aussi, fier de lui. Vous pouvez d’ailleur lui dire “Tu peux être fier de toi”
● Ne tombez pas dans l’exagération des compliments, il faut trouver un juste équilibre. Si votre enfant entend souvent qu’il est le meilleur dans tous les sports et que ses dessins sont extraordinaires, il pourrait développer une conscience non réaliste de ses capacités et finir par ne plus savoir quelles sont réellement ses capacités.
● Laissez votre enfant exprimer ses goûts, ses émotions et sa pensée. Cela l’amène à mieux se connaître, lui montre que sa parole compte et qu’il a sa place dans la famille comme dans ce monde.
● Aidez-le à reconnaître ses limites ou ses difficultés lorsque cela est nécessaire, tout en l'encourageant à s’améliorer. Soulignez ses progrès ou les efforts qu’il fait pour y parvenir. Attention toutefois à avoir des attentes réalistes en fonction de l’âge et des capacités de votre enfant. Par exemple, (nommé la difficulté en question) était difficile pour toi mais c’est bien tu as cherché à trouver une solution. tu as (nommé ce qu’il a fait). Bravo ! je suis fier(e) de toi et toi tu es fier de toi ?
● Apprenez à votre enfant qu’il arrive à tout le monde de se tromper et qu’une erreur n’est pas un échec. Exprimez-lui votre fierté même s’il se trompe. Réfléchissez avec lui sur la manière de faire mieux la prochaine fois. Vous pouvez également lui rappeler que les adultes aussi font des erreurs et que même si ce n’est pas agréable d’en faire, cela permet d’apprendre (vous pouvez accompagner cela d’une histoire personnelle si ça vous dit)
● Si votre enfant n’agit pas correctement, mettez l’accent sur son comportement plutôt que sur sa personne. Par exemple, vous pouvez lui dire que son geste n’était pas gentil, mais ne lui dites pas qu’il n’a pas été gentil. C’est son geste, ce qu’il a fait, qui n’est pas bien, ce n’est pas lui tout entier.
● Traitez toujours votre enfant avec respect. Ce que vous lui dites a beaucoup d’impacts sur l’image qu’il a de lui-même. Même si votre enfant n’agit pas comme vous le souhaitez, même s’il n’est pas aussi rapide ou habile que vous le voulez, restez calme et respectueux. Ne le rabaissez pas. Les insultes, les cris et les moqueries, même sous forme de blagues, peuvent blesser votre enfant et nuire à son estime de lui-même. Traitez-le comme vous aimeriez que l’on vous traite.
Quelques activités et jeux pour vous donner un p’tit coup de pouce.
Le livre des fiertés
Construisez avec votre enfant “ le livre des fiertés” comme un album (de type « scrapbook ») inscrivez ensemble ce dont il est le plus fier. Comme par exemple ses plus belles réalisations, en y ajoutant des photos, des dessins qu’il a pu réaliser, etc.
En plus de faire une superbe activité, cela lui permettra de revisiter les choses dont il est le plus fier et de les matérialiser pour qu’il puisse en prendre conscience. N'hésitez pas à compléter au fur et à mesure des mois.
Le jeu de la tempête
Prendre une couverture ou n’importe quel grand morceau de tissu (paréo, nappe, drap…).
● Un adulte et un enfant saisissent chacun deux coins fermement.
● L’adulte devient, alors, un ouragan et secoue la couverture dans tous les sens.
● L’enfant doit apprendre à braver cette tempête, à subir les intempéries sans lâcher ses deux coins de tissu.
● A la fin, félicitez-le en mettant l’accent sur la façon qu’il a eu de gérer la tempête.
Avec les enfants qui ont peu confiance en eux, cet exercice peut être difficile au début. Encouragez-le, et progressivement, il va apprendre à serrer plus fort, à devenir plus fort.
Cet exercice est utile pour faire prendre conscience aux enfants de leur force et de leur pouvoir personnel et augmente l’estime de soi. Ils s'aperçoivent qu’ils ont du pouvoir sur les choses !
Le conte : Le jardin du roi
Ce conte met en lumière la souffrance que l’on peut ressentir en se comparant négativement aux autres et le bien-être que l’on ressent en vivant pour soi et en reconnaissant sa juste valeur.
Une fois le conte lu, n'oubliez pas d’en discuter avec vos enfants pour avoir leur ressenti et leur expliquer la morale de celui-ci.
Le jardin du roi
Il était une fois, un roi bon et juste qui avait pris beaucoup de soin à agrémenter les immenses jardins de son château avec toutes sortes d’arbres, de plantes et de fleurs, tous aussi beaux, majestueux et parfumés les uns que les autres. Ses jardins resplendissaient de beauté et offraient un spectacle inégalé à mille lieues aux alentours.
Il prenait un plaisir chaque jour renouvelé à se promener dans ses jardins habillés par autant de grands arbres, dont les cimes tutoyaient les nuages, que de petits massifs de fleurs aux couleurs changeantes et aux parfums enivrants.
Un jour, le bon roi dut s’absenter pour un voyage officiel.
À son retour, il n’avait qu’une hâte : retrouver les couleurs, les parfums et la composition harmonieuse de ses jardins. Il eut un choc en constatant que les plantes et les arbres qu’il aimait tant étaient en train de mourir et sécher. Il s’adressa au pin, autrefois majestueux et plein de vie, et lui demanda ce qui avait bien pu se passer.
Le pin lui répondit avec un air triste : ”J’ai regardé le pommier et je me suis dit que jamais je ne serai capable de produire d’aussi beaux et bons fruits qu’il ne porte. Je me suis découragé et j’ai commencé à sécher.”
Le roi alla trouver le pommier qui lui aussi était sur le point de mourir. Il l’interrogea à son tour et celui-ci dit avec un air plus triste encore : ”En regardant la rose et en sentant son parfum enivrant, je me suis dit que jamais je ne serai aussi agréable à regarder et aussi parfumé qu’elle. C’est alors que je me suis mis à sécher.”
Comme la rose était elle-même en train de sécher, il alla lui parler et elle lui avoua avec l’air le plus triste du monde: “Comme c’est dommage que je n’ai pas l’âge de l’immense érable sage planté au loin ! Comme c’est dommage que mes feuilles ne deviennent pas aussi dorées comme les siennes à l’automne ! Dans ces conditions, à quoi bon vivre et faire des fleurs, aussi parfumées soient-elles ? Je me suis donc mise à dépérir.”
C’est alors qu’une toute petite fleur attira l’attention du roi. Alors qu’il l’avait à peine remarquée auparavant, elle semblait aujourd’hui capter toute la lumière et baigner les jardins de son doux parfum. Elle n’était en rien comparable aux autres végétaux desséchés du jardin. Le roi, intrigué, l’interrogea sur sa surprenante vitalité.
“J’ai failli me dessécher, répondit-elle, car au début je me désolais. Jamais je n’aurai la majesté d’un pin qui conserve sa verdure toute l’année; ni la beauté et encore moins le parfum de la rose; et que dire de la sagesse de l’érable ! Désespérée que j’étais, j’ai voulu mourir moi-aussi.
Puis je me suis rappelée que vous aviez choisi de me placer ici, de m’arroser, de prendre soin de ma terre, vous m’avez accordé autant d’importance qu’au pin, qu’à la rose et qu’à l’érable, c’est donc que vous vouliez de moi autant que des autres, telle que je suis, et que j’ai toute ma place dans ce jardin.
A partir de ce moment-là, j’ai décidé de m’aimer telle que je suis et de contribuer à mon niveau à rendre ce jardin aussi agréable que possible. C’est exactement ce à quoi je m’emploie depuis que vous êtes parti et ce à quoi je m’emploierai tant que je serai en vie.”
D’un Auteur Inconnu, conte trouvé sur apprendreaeduquer.fr
Le jeu des pensées positives
Ceci est un jeu tout simple de pensées positives pour les enfants. Cela va leur permettre de prendre conscience de leurs qualités, moments de fierté et de les revivre en se remémorant les sensations qui y sont associées.
Tout d’abord créez un environnement favorable, calme, tamisé et sans jugement afin que votre enfant puisse se laisser aller, puis guidez-le en lisant les consignes ci-dessous :
● Assieds-toi sur une chaise, les deux pieds bien posés à plat au sol et le dos calé contre le dossier,
● Ferme les yeux et pose tes mains sur ton coeur,
● Prends de grandes respirations en inspirant par le nez et soufflant par la bouche,
● Quand tu te sens prêt(e), réfléchis intérieurement à ces trois affirmations et réponds-y (dans ta tête) :
- Je pense à une belle qualité que j’ai en moi. (laisser un petit laps de temps pour réfléchir) Puis, je me souviens de la dernière fois où je me suis servi(e) de cette belle qualité. (laisser un petit laps de temps)
- Je pense à quelque chose que j’ai réussi et dont je suis fier.e. (laisser un petit laps de temps) Je ressens de nouveau toutes les sensations que j’ai ressenties à ce moment-là. (laps de temps) J’ai le droit de sourire en y repensant.
- Je pense à la dernière fois où j’ai aidé quelqu’un. (laps de temps) Je revis les sensations et émotions que j’ai éprouvées. (laps de temps) j’essaie d’imaginer comment l’autre s’est senti. (laps de temps)
Je te propose maintenant, de te répéter 3 fois cette pensée positive : J’ai le droit d’être moi-même et je m’aime tel(le) que je suis.
Vous pouvez ensuite discuter avec lui de comment il a vécu ce jeu, de ce à quoi il a pensé et de ce qu’il à ressenti. Vous pouvez également lui rappeler que dans les moments de doute il peut se répéter cette affirmation “J’ai le droit d’être moi-même et je m’aime tel que je suis.”
Écrit pour Expats Parents par Jennifer Levitre, sophrologue.
Site Web : https://sophroworld.com/