Revenir vivre en Irlande à l’âge de 8 ans

#expatriation , #témoignage , #Irlande

Contexte et situation familiale

Ma fille est née en Irlande, père Australien, mère Française. Mais elle était encore petite quand je suis revenue vivre en France, avec elle, près de ma famille. Son père resté vivre en Irlande.

Alors depuis petite, tout ce qu’elle connaissait, qu’elle se souvenait en tout cas, c’était vivre en France, avec moi, et en voyant son père qui lui rendait visite quelques jours toutes les 4 à 6 semaines en général. Ou elle qui allait le voir, à Dublin, y passer les vacances scolaires.

En grandissant, l’éloignement, la distance physique d’avec son père se faisait de plus en plus difficile à vivre. Il y avait bien sûr les longs appels vidéo par écrans interposés, depuis toujours, autant qu’elle le voulait. Mais comme elle l’exprimait très bien en grandissant, elle ne pouvait pas lui faire de câlins. Les chagrins devenaient de plus en plus fréquents, et gros, et je ne savais plus comment la consoler.

Parallèlement, après avoir passé la majorité de ma vie d’adulte en Irlande et à voyager avec un sac sur le dos (partie de France à 20 ans), malgré mes efforts, je n’ai jamais réussi à me réadapter vraiment à la France. J’avais sans doute atteint le point de non-retour que de nombreux expatriés qui passent plus de 5 ans à l’étranger connaissent. Mais plus que ça, l’Irlande me manquait en fait toujours autant. C’est un pays où mon cœur avait posé ses valises avant même que je n’y pose les pieds, mon point d’ancrage entre mes voyages, là où je m’étais construite, et un pays, une culture, qui correspondait tout simplement à ma personnalité. Et qui me manquait, quotidiennement, malgré le temps qui passait, et malgré les défauts que je lui connaissais.

De nuits blanches en tableaux à coefficients posant les pours et les contres des deux pays, j’ai finalement pris la décision de revenir vivre en Irlande, pour ma fille, et pour moi. Ce serait à la fin de son année de CE1. Et ce serait à Dublin, ma ville d’adoption, et là où vivait aussi le père de ma fille.



Retour en Irlande pour moi, nouvelle expatriation pour ma fille

De retour en réalité, ce n’était le cas que pour moi. Car pour ma fille, c’était tout simplement une nouvelle vie, un nouvel environnement, une nouvelle organisation quotidienne, une nouvelle école, et, nous l’espérions, de nouveaux amis. Une première expatriation pour elle, à l’âge de 8 ans.

Au quotidien, concrètement pour elle, ça voulait dire passer de 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 avec moi, à une semaine sur deux. Garde alternée. Elle a évidemment adoré cette nouvelle organisation, elle qui ne se souvenait pas avoir vécu au quotidien avec son père ! Passé de ne voir son père que de longs weekends toutes les X semaines, à vivre avec lui une semaine sur deux, pour une petite fille de 8 ans qui adore son Daddy, évidemment que c’est une joie et un joli renouveau !

Je n’avais jamais douté de cet aspect-là. Ce que j’appréhendais le plus, c’était peut-être l’école. Laisser derrière elle les copines de France avec qui elle avait noué des liens forts lors de sa dernière année de scolarité en France, et se retrouver dans une nouvelle école, à Dublin, avec une langue anglaise qu’elle ne maîtrisait pas encore totalement (ayant grandi au quotidien dans un environnement francophone malgré un père anglophone). Sa première rentrée s’est finalement très bien passée, dès le premier jour (si ça vous intéresse, lire l’article sur la première rentrée de ma fille en Irlande, sur mon blog).

Le lien avec les copines de France s’est gardé grâce aux technologies de notre monde moderne, Whatsapp principalement à l’heure actuelle. Je m’étais assurée avant de partir de France à ce que ma fille échange ses coordonnées avec les camarades de classe avec qui elle souhaitait rester en contact. Une bonne initiative et aujourd’hui encore, les liens restent assez réguliers.

L’autre grand changement pour elle, c’est qu’elle avait grandi à la campagne, et qu’elle se trouvait désormais à vivre dans une capitale, une ville d’un million et demi d’habitants, avec tout ce que cela comporte. Elle a plutôt bien absorbé cela je trouve, mais c’est parce que Dublin est entouré de nature, de mer, de falaises, de montagnes, et qu’avec moi, même en vivant en ville, elle y a accès assez souvent. Parfois après l’école, on file au bord de la mer. Ou on peut décider d’aller randonner en se levant le Dimanche matin, et que les prévisions météo sont au beau fixe.

Et puis bien sûr, ce qui va avec cette nouvelle vie en Irlande pour elle, ce sont les étés. Car il y a la famille laissée en France. Elle y passe une grosse partie de l’été, chouchoutée, et sans ses parents. Nouvelle expérience, nouvelle liberté. Mais aussi « retour aux sources » finalement pour elle, qui je le sais, et c’est normal, est davantage française dans son melting pot de cultures.



Avec le temps, la vie quotidienne en Irlande

Nous avons pris nos marques, et je constatais avec plaisir à quel point ma fille s’était superbement adaptée à sa nouvelle vie, même si évidemment, la France lui manquait toujours. Mais celle-ci n’étant qu’à une heure de vol de Dublin, les visites sont faciles, dans les deux sens d’ailleurs.

Côté garde d’enfants, l’Irlande n’arrive pas à la cheville de la France, ça, c’est une évidence. Chaque école propose ou non ses solutions. A Dublin, l’école de notre fille (une école publique irlandaise) ne propose aucune activité ou solution après l’école, qui termine tous les jours à 14h40. Nous avons donc fait le choix avec son père de prendre une nanny, qui va la chercher tous les jours après l’école, et s’occupe d’elle à la maison. Cela convient à notre fille. Je la trouve bien plus reposée que lorsqu’elle était en France, mais c’est peut-être aussi du fait qu’elle grandisse. Cela lui fait moins d’activités sociales, c’est le bémol à mon goût.

Pour ce côté-là, on l’avait inscrite dès le début au théâtre, parce qu’elle en avait l’intérêt, et aussi parce qu’on se disait que ça pourrait l’aider à prendre confiance et à développer son Anglais à l’oral. Ce qui a, je pense, pleinement rempli son rôle.

En 2020, elle devait aussi commencer des cours de fiddle, la pratique du violon comme musique traditionnelle irlandaise, mais un certain COVID s’est invité, et à retardé le début de cette activité sociale et culturelle typiquement irlandaise. En attendant de pouvoir démarrer cette activité, elle fait du violon à la maison, grâce à des tutos Youtube ! Encore une fois, merci les nouvelles technologies !

Et puis bien sûr, il y a la langue. Les langues. Si son Français prédominait lors de notre arrivée en Irlande, aujourd’hui, naturellement, la tendance s’est largement inversée. Malgré ses lectures encore parfois en Français, elle a non seulement perdu son niveau de fin de CE1 à l’écrit, mais puisqu’elle ne parle Français qu’avec moi, une semaine sur deux, quelques heures après l’école et le week-end, elle se « jeanclaudevandamise » de plus en plus. Elle « cross » la rue par exemple, et oublie de plus en plus de mots français du quotidien. Je la reprends systématiquement et fais attention à mon Français quand je suis avec elle, alors que j’étais la première autrefois à me « jeanclaudevandamiser ». C’est aussi pour ça que je ne lui refuse jamais un appel, ou un texto vers la France.

Nous avons donc décidé avec son père de lui faire prendre des cours de Français. C’est important à mes yeux, qu’elle sache écrire en Français, si elle souhaite plus tard aller étudier ou travailler en France. Optimiser son bilinguisme, pour son avenir, qu’elle choisisse de l’utiliser ou non.

Si elle s’est très bien adaptée à sa nouvelle vie irlandaise, je constate cependant qu’elle n’a pas l’attachement à l’Irlande que je peux avoir. Cela me paraît normal, elle a son histoire avec ce pays, qui n’est pas la même que la mienne. Je ne sais pas si avec le temps, cela changera, et pour être honnête, je ne me pose pas la question. Ça m’est même égal en fait: je lui donne des outils, à elle d’en faire ce qu’elle veut pour sa vie future. Je sais qu’elle aime plein de choses de l’Irlande, mais je sais aussi que son attachement à la France, pays de son enfance, aux souvenirs rose bonbon, est encore très fort. L’arrivée du COVID-19 en 2020 ayant d’ailleurs mis en exergue cet aspect-là, la privant par exemple d’un Noël en France, ce qui a été très dur pour elle.


La vie en Irlande, c’est comment quand on est enfant ?

Je laisse ici la parole à ma fille, des mots laissés volontairement spontanés, y compris dans l’ordre des idées. 😉

-     J’ai pas les copains de France mais après je me fais des nouveaux copains ici. Mais par contre pour les copains en France, on peut envoyer des messages sur internet ou sur téléphone. Et je leur fais aussi des dessins, des cartes par la poste. Et quand on retourne en France, je peux aussi les revoir.

-     Ici, il y aussi le fils de copains à Daddy, que je connais depuis que je suis toute petite.

-     Pour la famille, on les appelle souvent sur Whatsapp, et quand on va en France on peut aussi tous les revoir.

-     A Dublin, j’adore quand on va se promener dans la nature, ou au bord de la mer, ou randonner dans les montagnes. Et ce qu’est trop bien à Dublin, c’est qu’il y a la mer et les montagnes en même temps ! Et il y a même un grand parc où il y a des cerfs ! Et des fois il neige à Dublin !

-     Avec le Covid, il n’y a plus de musiciens dans les rues et c’est trop triste. Mais quand ils sont là, c’est trop bien ! En Irlande, il y a vachement de musiciens dans les rues, c’est trop bien !

-     A l’école, on mange à notre bureau et j’adore ! Et quand il y a des fêtes, comme Halloween, Noël, ou avant de partir en vacances, ils nous donnent des chocolats, des chips, et des briques de jus de pomme !

-     A l’école, je porte un uniforme, il est trop beau mais les collants l’hiver c’est un peu énervant. J’ai aussi un uniforme de sport de l’école, il est super confortable !

-     Les vieux Irlandais, je les trouve trop gentils. Ils sourient tout le temps.

-     Les paysages en Irlande sont trop beaux, même une fois j’avais pleuré tellement c’était beau !

-     En Irlande, il y a une fête qui s’appelle la St Patrick. Saint Patrick c’était un homme il y a très, très longtemps, qui a utilisé un trèfle à 3 feuilles pour expliquer Jésus. Et c’est comme ça que les Irlandais sont devenus catholiques.

-     J’adore aussi prendre des Irish breakfasts dans les pubs des fois le weekend. Dans un Irish breakfast, il y a des œufs, des boudins, des toasts, des haricots blancs à la sauce tomate par exemple.

-     Il pleut souvent mais pas tous les jours et pas longtemps, ce sont souvent juste des averses, et alors ça fait plein d’arcs-en-ciel.

-     Ici, il y a des bonbons que j’adore (je vous les recommande), ça s’appelle des Percy Pigs mais ça se trouve que dans un seul magasin, Marks & Spencer. Les Jelly Babies, ce sont des bonbons irlandais aussi qui sont super bons ! Et aussi le chocolat Butlers, c’est une marque de chocolats irlandais qui sont super bons (c’est du vrai chocolat, pas comme Cadburry, ça c’est pas très bon !).

-     Quand je serai grande, je pense que je voudrais vivre à la campagne (je veux un cheval et un chien), pas forcément en France mais quand même, je pense plutôt en France parce qu’il y a la famille.

Voilà pour les mots de ma fille concernant sa vie en Irlande.


J’espère que ce témoignage pourra être utile à des familles, sur le point de s’expatrier en Irlande, ou ailleurs finalement.

Pour aller plus loin sur l’Irlande, ou si l’Irlande et sa culture vous intéressent, pour des vacances, y vivre, ou par simple curiosité, je vous invite à aller faire un tour sur mon blog, Raconte-moi l’Irlande, j’y couvre tout un tas de sujets irlandais, du quotidien à la musique en passant par des portraits d’irlandais, des récits de weekends à la campagne, ou des idées de visites.


Ecrit pour Expats Parents par Aurélie Gohaud, auteure du blog "Raconte-moi l'Irlande"