La réforme du Bac - Décryptage et conseils

#baccalauréat , #Lycéens

A partir de la rentrée prochaine, la nouvelle réforme du baccalauréat sera appliquée. Les élèves de 2nde en 2019-2020 seront donc les premiers à préparer ce nouveau bac. Beaucoup de critiques, fondées ou non, ont été proférées contre cette réforme. Des informations contradictoires ont circulé sur les réseaux sociaux. Les collèges français ont certainement fait un gros travail d’information auprès des parents et des futurs lycéen.nes. Néanmoins, au-delà de l’information pratique concernant l’organisation de la journée des lycéens, il est important de comprendre les conséquences d’une telle réforme sur les études post-bac de nos enfants, et ce, que l’on fasse ces études en France ou à l’étranger.


L’organisation des enseignements

Pour commencer par le pratico-pratique, les études en seconde générale s’articuleront autour d’une dizaine de matières en tronc commun, donc obligatoires. A partir de la classe de 1ere, seules 6 disciplines resteront dans le tronc commun et l’étudiant.e devra choisir 3 options. Ces 3 options se réduiront à 2 en Terminale et deviendront des enseignements de spécialités.

Concrètement, cette multiplicité d’options implique environ 90 combinaisons d’emplois du temps. Il est donc impossible pour un lycée de proposer la totalité des combinaisons et même la totalité des options. Les étudiant.es seront donc tributaires des choix imposés par leur lycée de secteur. Les jeunes, habitant dans les grandes villes seront favorisés. Les étudiant.es de campagne, des petites villes et de l’étranger n’auront pas réellement accès à cette opportunité de personnalisation du parcours scolaire.


Opportunité ou éparpillement

Par ailleurs, les établissements sont libres d’organiser leurs enseignements de spécialité. Prenons un exemple concret : deux lycées dans l’agglomération nantaise proposent l’option Arts-Musique. Le premier propose cet enseignement depuis plusieurs années et continuera à enseigner cette discipline dans l’esprit de l’ancienne épreuve d’Education Musicale, c’est-à-dire une partie de pratique instrumentale et une partie d’analyse musicale. Le second ouvre la discipline à la rentrée prochaine et a fait le choix d’orienter cet enseignement vers la création musicale assistée par ordinateur, option qui pourrait fortement intéresser les futurs ingénieurs et leur donner une ouverture vers le domaine de la création. Mais l’intitulé de l’enseignement de spécialité restera malgré tout Arts-Musique.

Un recruteur d’une école supérieure verra-t-il et connaîtra-t-il cette nuance ? Un.e Collégien.ne ira-t-il.elle chercher par lui.elle-même ce genre de subtilité ? Il.Elle connaît les cours d’Education Musicale du collège et, à juste titre, s’imaginera que l’option Arts-Musique en est une continuité et un approfondissement.


Justice sociale ou sélection anticipée

Jusqu’à présent, le baccalauréat, malgré ses défauts, donnait un positionnement national. Tous les jeunes passaient le même bac, ceux qui réussissaient atteignaient un même niveau. Le diplôme national permettait, toute proportion gardée, d’égaliser un peu les inégalités sociales entre les Catégories Socio Professionnelles. Un.e élève ayant réussi son bac en zone d’éducation prioritaire avait réussi le même bac qu’un.e jeune ayant fait toute sa scolarité dans un lycée huppé de la capitale.

A partir de 2021, cette égalisation n’existera plus. L’obtention du bac dépendra à 40% du contrôle continu. C’est-à-dire :

-         Le bulletin sera pris en compte à hauteur de 10% alors que celui-ci n’a aucune valeur dans l’absolu. Il dépend intégralement de l’établissement qui l’édite.

-         Des épreuves intermédiaires compteront pour 30% de la note finale. Certes, les sujets seront choisis dans une base de données nationales mais elles seront corrigées par des professeurs de l’établissement puisque : « L'organisation relèvera des établissements. »[1].

Ce diplôme perd donc sa valeur d’échelon national. Il était le premier diplôme universitaire. Il ne le sera plus. Il clôturera les années de lycées comme le brevet des collèges clôture déjà le cycle 4 : sans certitude d’un niveau minimum.


Quelques conseils

1-     Penser « orientation » dès la 4e

La réflexion sur l’orientation doit obligatoirement commencer au collège. Sans pour autant penser en termes de métier, il faut aider nos enfants à comprendre leur mode de fonctionnement et de raisonnement. Ainsi, leur choix d’options et de spécialités seront plus pertinents, cohérents et leur correspondront.

2-     Penser « stratégie »

Le lycée se réforme mais les grandes écoles ne changent pas leurs critères de sélection. Si les lycéen.nes peuvent personnaliser leur parcours, ils doivent le faire de façon construite. Une logique doit apparaître dans leur choix.

3-     Penser « sélection »

Notamment lors d’un retour en France, renseignez-vous sur les collèges et lycées de votre secteur que vous optiez pour les établissements publics, comme privés. A présent le choix du lycée est déterminant dans la suite des études de nos enfants.


Conclusion

Cette réforme est dans la continuité des changements amorcés par Parcousup l’année passée : une sélection plus rude à l’entrée des universités. Cette sélection est justifiée par le taux élevé d’échec dans les 1ères années universitaires. Pour autant, elle ne doit pas se faire au détriment des jeunes. La délicate question de l’orientation est donc à aborder de plus en plus tôt avec nos enfants. L’égalité des chances que l’école promet à tous semble encore une fois mise à mal...


[1]https://www.education.gouv.fr/cid126438/baccalaureat-2021-tremplin-pour-reussite.html


Article écrit par Hortense Moutard
spécialiste en orientation professionnelle et de l’expatriation
Fondatrice d’OrientExpat
Du même auteur : "Parcoursup : l'expérience de bacheliers expatriés"