Scolariser son enfant à l'étranger : tout est une question d'équilibre

#expatriation , #scolarité

S'expatrier pour des raisons professionnelles ou personnelles est une belle aventure. Lorsqu'on est parents, une question peut nous hanter : les enfants et leur scolarité.

       

En France, vos choix se limitent à public, privé ou instruction en famille. Dans votre pays d'accueil, de nouvelles options apparaissent : instruction locale ou lycée français, international ...

Quand on lit les témoignages dans le groupe facebook "Expats Parents", on s'aperçoit de l'anxiété que ce choix suscite. Votre sentiment est légitime, quel parent responsable ne se demanderait pas :

« Si nous rentrons en France, comment cela va-t-il se passer pour mon enfant ? »
« Aura-t-il le niveau, les connaissances nécessaires pour réintégrer le système ? « 


École locale, école française, internationale, cours par correspondance, quel est le bon  choix ?

Pour trancher cette question, il convient de faire la part des choses entre ce qui compte pour une scolarité réussie, de ce qui n'a qu'une importance toute relative.

Contrairement aux apparences, l'important à l'école, en France et ailleurs, n'est pas le sacro-saint programme, qu'il faudrait suivre dans l'ordre, dans toutes les matières pour aboutir à une construction identique pour tous. S'instruire ne revient pas à monter un escalier, dont chaque marche serait composée de connaissances ordonnées, particulières, indispensables, sans lesquelles réintégrer le système deviendrait impossible. Les programmes changent sans arrêt, et les bons élèves restent bons.


Ce qui compte vraiment c'est de très bien lire, écrire, compter et calculer. Ces outils permettent aux enfants, qui travaillent sérieusement de réussir partout.

Où que vos enfants soient scolarisés, la seule partie de "l'escalier" qu'ils doivent absolument maîtriser, qui demande une grande cohérence et une progression régulière dans l'apprentissage, est celle du langage et des mathématiques.

Tout ce qui relève des connaissances, histoire, géo, sciences pourra être remis à niveau en quelques mois, si nécessaire, à la condition que français et maths ne posent pas de problème.

 

Mais et la culture alors ? Ça n'est pas important la culture ?!

C'est important, mais c'est un faux problème. La culture, il y en a dans tous les pays. C'est vrai, qu'après 10 ans passés en Angleterre, en Australie ou en Espagne par exemple, votre enfant sera plus calé en littérature et histoire anglaises etc. ... que françaises. C'est vrai que cela le rendra un peu différent des enfants qui n'ont jamais quitté la France. Il n'aura pas les mêmes références, cela affectera son point de vue mais, ce qui importe, c'est qu'il soit capable d'articuler sa réflexion logique et de l'exprimer correctement.

Quel que soit votre choix, l'élément sur lequel vous ne devez pas transiger, c'est de maintenir ou d'atteindre un bon niveau en français, oral et écrit. Cela demeure vrai, même s'il poursuit ses études à l'étranger : un bilingue natif a un avantage certain, tout au long de sa vie.

Je mets en avant le langage, car en tant que psycholinguiste, j'ai constaté que la maîtrise de la langue a un impact direct sur le niveau en mathématiques.

 

Bien gérer le retour au système scolaire français, plus simple qu'on le pense.

Vous avez constaté qu'on ne pose pas les opérations de la même manière dans tous les pays ? Cela n'a aucune importance. Le raisonnement mathématique, lui, est universel.

De retour dans le système français, si la façon d'aborder les problèmes de maths perturbe votre enfant, il suffira de quelques cours particuliers avec un professeur compétent, pour le remettre sur la voie de la réussite. C'est d'autant plus vrai, que le niveau en maths et sciences des élèves en France, est loin d'être bon. 

Tout ce qui relève des connaissances, histoire, géo, littérature, sciences pourra être remis à niveau en quelques mois, à votre retour, à condition que, français et maths ne soient pas un problème.

Pour ces matières qui relèvent de la culture générale, la lecture de quelques livres (il y en a d'excellents) narrant l'histoire de France, par exemple, ou celle de quelques classiques de la littérature, lui permettra d'acquérir les références qui lui manquent. Si vous avez inclus ce type de lectures dans le programme que vous suiviez, pour aider votre enfant à maintenir son niveau en français, il en saura autant, voire plus, que ses nouveaux camarades de classe.

Un élève consciencieux n'aura aucune lacune insurmontable, il jouira même de gros atouts. Il connaîtra quantités de choses, apprises dans son école du bout du monde, et inconnues de ses nouveaux camarades. Enfin, il sera bilingue, voire trilingue !

Pour ceux d'entre vous qui doutent encore, je finirai par un fait, tiré de mon expérience quotidienne. Chaque année, nous recevons à l'université des étudiants venant de partout dans le monde. Leur gros souci : la langue. Pour le reste, ils sont parfaitement capables de suivre, et ont souvent d'excellents résultats, dès qu'ils ont surmonté ce problème. Je précise, qu'en fac, les copies sont anonymes et qu'ils ne bénéficient d'aucun traitement de faveur. Certains sont issus d'écoles françaises ou internationales à l'étranger, mais c'est très loin d'être le cas pour tous.

Le choix d'une école à l'étranger est donc important, mais ce choix relève plus, de considérations personnelles que de critères objectifs.


Soyez exigeant sur la maîtrise du français oral et écrit et des mathématiques, afin que, quel que soit l'avenir scolaire de votre enfant, il soit armé pour l'affronter.


Article écrit pour Expats Parents par Christine Argensse, psycholinguiste
Auteur de plusieurs livres 
Sa page Facebook 

A lire, du même auteur :  "Acquisition du langage et bilinguisme : quelle stratégie adopter ?"