Comment dire "au revoir"

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Notre petite famille a vécu dans cinq pays différents (Autriche, Chine, Corée du Sud, France et Allemagne)  au cours des seize premiers mois de la vie de notre bébé, et les « au revoir » ont naturellement fait partie de notre vie. A tel point que le premier mot de ma fille a été « bye bye » (en anglais, malgré le fait que nous ne parlons pas l’anglais à la maison).

 

Savoir dire au revoir, c’est important. Pour nous, en tant qu’adultes, et encore plus pour les enfants. Apprendre à dire au revoir nous permet de fermer doucement un chapitre avant d’ouvrir un autre chapitre, nouveau et excitant.

 

Notre façon de fermer ces chapitres successifs et de dire au revoir est venue intuitivement, et rétrospectivement je comprends à quel point ces rituels d’adieu ont été importants et bénéfiques pour mon enfant même quand elle était un bébé.

 

1. Quelques jours avant de commencer à faire les bagages ou les cartons, expliquer ce qui va venir.

Les bébés et les tout-petits comprennent beaucoup plus que nous voulons le croire. Ils ressentent notre excitation ou notre stress. Expliquer et exprimer par des mots ce qui va se passer les aide à gérer le changement et la transition.

Même avec un bébé, prenez le temps de vous asseoir, le prendre dans les bras et lui parler d’une manière naturelle et simple de ce qui va venir. Je pense qu’il est important d’éviter le « langage bébé » mais d’employer plutôt des mots que vous utiliseriez avec un adulte que vous aimez et appréciez. Parlez-lui du fait que vous allez commencer à faire les bagages car vous allez déménager. Décrivez simplement les différentes étapes qui vont suivre. La veille du jour où vous commencerez réellement à faire les cartons et le jour même du départ, rappelez-lui tout le déroulé de la journée.

 

2. Aidez-les à s’imaginer leur nouvelle maison

Une maman que j’ai rencontrée à Pékin m’a montré un jour un petit livret qu’elle avait réalisé pour son tout-petit. Elle avait collé dans un cahier des photos de leur nouvelle maison, de la ville dans laquelle ils s’apprêtaient à déménager, du futur jardin d’enfants. Je pense que c’est un merveilleux outil qui aide les enfants à avoir un certain contrôle sur leur vie juste en voyant à quoi vont ressembler les choses. Bien entendu, autant que possible, il est important d’inclure un tout-petit dans les décisions de sa famille, car tout cela le concerne.

 

3. Donnez-leur la possibilité de dire au revoir aux lieux, aux objets et à leurs amis

Avant de partir, parcourez la ville, et dites au revoir aux lieux préférés de votre tout-petit.

Quand nous avons quitté Séoul, ma fille avait à peine 1 an. Mais elle avait déjà des amis. Nous avons organisé une dernière rencontre pour jouer avec chacun d’entre eux. Peut-être qu’elle ne s’en souviendra pas plus tard, mais ils ont joué un rôle important dans sa vie à ce moment-là. En faisant nos adieux, nous avons honoré leur amitié.  Nous avons aussi pris le temps de revoir une dernière fois nos lieux préférés.

 

Le jour du départ, prenez le temps de faire un tour dans la maison avec votre tout-petit, et de dire au revoir à chaque pièce, au jardin (s’il y en a un) et à chaque lieu ou objet qui a une signification spéciale pour votre enfant et pour vous.

Lorsque nous avons quitté la maison de ses grands-parents en France (où nous avions vécu quelques mois entre 2 expatriations), j’ai su que c’était un moment important pour ma fille, car elle avait été très heureuse là-bas. Donc nous avons pris notre temps pour faire le tour de la maison en disant « bye-bye » au jardin où elle aimait courir dans l’herbe, au chat des voisins, au couloir dans lequel elle avait fait ses premiers pas et à ses grands-parents qui étaient très tristes de la voir partir. Ca a été un moment très intense pour nous et nous aurions pu essayer d’éviter ces émotions, mais ce petit rituel nous a aidés à déménager sereinement.

 

4. Laissez-les choisir leurs souvenirs

J’ai appris cela de ma fille qui avait alors 15 mois. Voici la petite histoire. Elle ne parlait pas encore à l’époque mais je pouvais très bien la comprendre sans les mots. Nous avions habité quelques mois chez ses grands-parents. La semaine avant notre départ pour une nouvelle expatriation, elle m’a demandé de lui montrer l’album photo dans lequel sa mamie et son papi gardaient des photos d’elle depuis sa naissance. Elle adorait cet album.

Elle savait que nous allions partir, car je lui avais déjà parlé de notre déménagement à venir (le point n°1 de mon article). Elle a regardé les photos de l’album avec beaucoup d’attention, et elle s’est arrêtée devant une photo d’elle avec ses grands-parents faite quelques mois auparavant. Elle a essayé de l’enlever de l’album, chose qu’elle n’avait jamais faite avant. Je l’ai aidée à la sortir. Elle a continué à regarder l’album jusqu’à une autre photo, cette fois-ci avec son arrière grand-mère qu’elle voyait tous les dimanches chez ses grands-parents. A nouveau, elle a voulu sortir la photo de l’album. Elle a gardé les deux photos dans la main et m’a regardée très heureuse. Je lui ai demandé: « Tu veux les garder? » Elle a fait « oui » de la tête. J’ai tenté une autre question: « Tu veux les garder car on part la semaine prochaine? » Elle a hoché à nouveau sa tête.

 

Même à un jeune âge (15 mois) les enfants savent ce dont ils ont besoin pour mieux gérer ces transitions. Si seulement nous pouvons les observer avec curiosité et émerveillement. Si seulement nous pouvons les écouter même lorsqu’ils ne parlent pas.

Les bébés et les tout-petits ont besoin de temps et d’espace pour faire leurs adieux à un lieu de vie qu’ils ont aimé, et aux gens qui ont de l’importance pour eux ; et nous pouvons les accompagner dans cette démarche.

 

Cristina Pop
Cristina a vécu en Roumanie, France, Autriche, Chine, Corée de Sud et Allemagne et elle a toujours du mal à répondre à la question « D’où viens-tu? ». Elle est la maman d’une petite fille qui a, à son tour, vécu dans 5 pays dans les premiers 16 mois de sa vie et qui a pris 30 fois l’avion avant ses 2 ans. Les plus grandes aventures de sa vie, la maternité et la « vie nomade » ont inspiré Cristina à créer son blog
http://www.mothers-abroad.com/ Cristina est passionnée par les environnements qui permettent aux enfants d’apprendre naturellement. Elle écrit sur la vie dans différentes cultures et pays et sur l’apprentissage naturel des enfants. Elle a co-écrit le livre "Knocked Up Abroad Again: Baby bumps, twists, and turns around the globe"

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