Autour du berceau du futur bébé s’assemblent toutes sortes de questions, d’inquiétudes et d’espoirs : la santé et le bon développement de l’enfant, la santé et l’épanouissement de la mère, la découverte de la paternité, le nouvel équilibre du couple et de la famille… Lorsque nous sommes en poste, ces questions prennent une toute autre dimension. Comment ‘’nidifier’’ dans un monde qui nous est étranger ? Comment se préparer à cet événement si bouleversant, sans la présence de nos familles? Comment accueillir notre enfant ?
La décision
Les familles expatriées se construisent au rythme des postes. Pour un couple, la décision d’avoir un bébé répond à des critères personnels d’horloge biologique, d’études, de travail et bien sûr d’amour. Le désir du premier enfant est parfois renforcé par le sentiment d’être isolé, loin de la famille restée en France. Pour combler ce sentiment, certains couples choisissent d’avoir un enfant plus rapidement que s’ils vivaient en France. Pour que l’enfant ne naisse pas déjà avec une « mission », celle d’apaiser une solitude ou de renforcer le couple, il est important d’être au clair avec ses motifs et ses désirs ; l’enfant est un membre de la famille, le couple en est sa base.
Où désirons-nous que notre enfant naisse ?
La question se pose, quel que soit le poste et quelle que soit la qualité de la médecine du pays. Une naissance est un événement familial, et pour certains couples elle se doit d’avoir lieu dans leur pays d’origine. En effet, on devient mère et père non seulement à travers la relation à son enfant, mais aussi à travers le regard des autres. Une naissance, et les premières semaines qui suivent, est l’occasion de transmettre un savoir féminin, de renforcer la lignée des femmes et de transformer la relation mère-fille.
Rentrer chez soi pour mettre au monde un enfant demande une bonne organisation. Il faut savoir qu’au-delà de la 28ème semaine, une femme enceinte ne peut pas voyager en avion ; la présentation d'un accord médical est généralement exigée par les compagnies aériennes. J’ai connu des familles nombreuses qui, à l’occasion d’une naissance, s’installaient en France pour 3 ou 4 mois et y scolarisaient les enfants.
Le suivi médical de la grossesse
Il diffère d’un pays à l’autre ; le calendrier des rendez-vous mensuels, des trois échographies, de la consultation avec un anesthésiste et de la recherche de sérologie de la toxoplasmose et de la rubéole, ne sont pas universels. Rien ne nous oblige à suivre les habitudes du pays quand nous ne nous sentons pas totalement en sécurité; si cela nous rassure, nous sommes en droit de demander à suivre le calendrier français. D’autre part, dans certains pays les usagers ne posent pas de question et il n’est pas naturel pour le personnel soignant et médical de donner des explications ; il nous revient donc de prendre l’initiative, et de demander de l’information. L’important était de garder son libre arbitre. Lorsqu’aucune séance de préparation à l’accouchement n’est proposée, il est bien rare de ne pas en trouver dans la communauté expatriée.
Il faut savoir que, dans certains pays, les examens gynécologiques ne sont pratiqués que lorsque la femme enceinte a des contractions. Par ailleurs, les différences culturelles s’immiscent jusque dans la pratique médicale : lors d’une consultation de gynécologie, la pudeur est de mise aux USA, bien plus qu’au Sultanat d’Oman !
Naissances et cultures
Les rites et habitudes qui entourent la naissance varient selon les cultures. Les salles de naissance diffèrent dans leur aménagement et une visite préalable peut s’avérer fort utile. De même, il est prudent de se renseigner sur les habitudes ; au Liban, les mères n’aiment, paraît-il, poser le premier regard sur leur bébé qu’une fois qu’il est propre, frotté, habillé et parfumé ! N’hésitez pas à informer la sage-femme de votre désir de vous laisser le bébé (si tout va bien) pour vivre tranquillement, à trois, l’intensité de la première rencontre. Dans un autre registre, ne vous étonnez pas si une infirmière vous apporte un bol de gros sel « pour l’épisiotomie ! ». Dans certains pays, les visites dans les maternités se font au compte goute. Dans d’autres, c’est l’invasion des familles ; une chambre particulière prend alors tout son sens.
Le retour à la maison
Dans certains pays, la maternité donne congé le lendemain de la naissance. Dans les sociétés traditionnelles, la jeune mère est entièrement prise en charge par les femmes de sa communauté et pendant un temps, elle pourra entièrement se consacrer à elle et à son enfant. Les jeunes mères ont besoin de rencontrer d’autres mères, d’échanger avec elles leurs impressions, de raconter la naissance, de recevoir soutien et information.
Les grands-mères sont quelquefois appelées pour venir « donner un coup de main ». C’est une chose d’avoir sa mère ou sa belle-mère pour alléger les tâches matérielles, c’en est une autre d’avoir sous son toit une, ou deux grand-mères avides de se rendre utile et de donner des conseils... J’ai vu ainsi deux personnes de culture très différente se disputer avec véhémence au sujet des soins à apporter à leur petit-fils ; au centre, le bébé hurlait et la mère, impuissante, sanglotait !
Les communautés expatriées proposent des réseaux d’entraide ; elles permettent d’apaiser la solitude et le stress des premières semaines, et de prendre le relai de nos familles absentes. Elles sont une aide précieuse au moment du ‘’baby blues’’, période normale de quelques jours où la mère passe des larmes à l’exaltation et à l’épuisement. Ce passage dépressif résulte de la modification hormonale et de la confrontation à la réalité de la maternité qui, pendant neuf mois avait été vécue dans la plénitude et le fantasme. Il ne faut pas confondre ce temps de ‘’baby blues’’ avec la véritable ‘’dépression post-partum’’, qui s’étend sur plusieurs mois et nécessite impérativement un suivi psychologique, voire parfois un rapatriement en France lorsque le suivi ne peut être assuré sur place.
Devenir parent et rester un couple
Les vacances arrivent, l’heure est venue de présenter l’enfant à la famille. Le couple commence alors un tour de France pour « montrer » la merveille. En réalité, son besoin serait plutôt de se poser, sans obligation sociale ni matérielle, et de se retrouver à deux.
Marine de Labriolle, Psychothérapeute
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