Vivre avec un bébé à l'étranger

#bébé , #expatriation , #psychologie

Partir vivre à des milliers de kilomètres avec son bambin sous le bras n’est pas toujours évident. Même si le grand voyage relève d’une décision familiale, l’enthousiasme peut parfois laisser place à l’angoisse, ou tout au contraire donner une énergie nouvelle à la petite famille

Chargées de valises pleines de médicaments ou autres produits pour bébé, les jeunes mamans se posent bien souvent de nombreuses questions avant un départ en expatriation. Cette légitime appréhension laisse toutefois très souvent place à l’enthousiasme de voir grandir son bébé à l’étranger.

La vie hors cadre

Pour celles qui ont accouché à l’étranger, l’expatriation du bébé commence dès la naissance.  La fille ainée de Patrick est née à Mexico et a tout de suite été plongée dans la vie mexicaine : "Au Mexique, on a l’habitude de donner très peu le bébé à la maternité. Ca peut paraitre frustrant d’autant qu’il faut signer une décharge si on veut l'avoir avec soi dans la chambre… En fait, nous avons découvert qu'une des peurs locales n'est autre que l'échange de bébés à la maternité ! Heureusement pour nous, nous sommes allés dans un bon hôpital où notre fille a, dès la naissance, porté un bracelet avec son nom !" raconte Patrick. 

Nathalie, à Dehli s’est elle très vite habituée au fait qu’elle ne pourrait guère se promener dans les rues avec son fils de 1 an et demi. "Compte tenu de l’état des trottoirs, il était inutile d’envisager une balade en ville en poussette ! Quant aux parcs, ils étaient tellement sales que personne n’y emmenait ses enfants. C’est sûr qu’entre les vaches et les mendiants, Delhi n’est pas une ville où il fait bon faire prendre l’air à son bébé. Mais cela ne m’a finalement pas dérangée. Nous étions organisées entre jeunes mamans et nous rencontrions les unes chez les autres trois fois par semaine, histoire que les petits changent un peu d’environnement !"

L’arrivée d’Hélène à Cincinnati aux Etats-Unis avec ses deux bouts de choux, âgés respectivement de 1 et 3 ans, a été beaucoup plus simple."J’ai visité des maisons, armée de mes deux enfants et j’ai toujours été très très bien reçue. Pas une remarque sur le fait que mes enfants n’avaient rien à faire là ! Au contraire ! Les Américains sont très tolérants. Tout est fait pour les enfants. De grands trottoirs, le zoo, les musées dédiés aux enfants, sans parler des parcs nationaux où il est même possible de se promener avec une poussette ! Les aménagements sont vraiment extraordinaires pour les jeunes enfants."

Elise a accouché à Berlin en 2009 et a réellement apprécié le cadre de vie : "A Berlin, les bébés ne sont pas exclus et ne nous excluent pas de la ville. Pouvoir emmener le bébé partout, y compris dans les cafés et restaurants sans se faire regarder de travers comme à Paris ; pouvoir circuler sur les trottoirs et prendre le métro avec la poussette ! Quel bonheur !"


L’hygiène et la santé de Monsieur bébé

Dans certains pays, le suivi pédiatrique ou encore l’hygiène peuvent être un frein à l'expatriation.

Nathalie, en Inde, s’est très vite adaptée. "Nous avons eu la chance de trouver un pédiatre indien formidable : disponible à n’importe quel moment de la journée, gentil, et surtout très qualifié. Il est évident que je faisais très attention à l’hygiène et que très vite des automatismes se sont créés, comme se laver les mains très régulièrement, laver les fruits et légumes avec des pastilles de stérilisation pour biberon, et toujours avoir sous la main un antiseptique en cas de bobos !".

Même sentiment pour Stella à Shanghai : "Je suis rentrée accoucher pour la naissance de mes deux filles en Europe mais elles ont vécu dès l’âge de 1 mois à Shanghai. J’étais un peu inquiète à l’idée de trouver un bon pédiatre au départ. Mais finalement, nous avons rencontré un pédiatre francophone très compétent. Par acquis de conscience, je ramenais de France quelques médicaments mais en fait, ça n’était pas nécessaire car les équivalents étaient vendus en Chine. Je m’achetais juste un peu de tranquillité !"

Partick à Mexico a pris quelques précautions : "Il faut faire attention à l'eau pour le biberon et de préférence bien utiliser des capsules de stérilisation dès que l’on voyage dans le pays." Coté suivi médical, il a par contre été pleinement satisfait : "Les meilleurs pédiatres ont d'excellentes formations et sont vraiment d’un très bon niveau, même s’ils ont peut être recours un peu trop systématiquement aux antibiotiques..."

Et la fameuse qualité de vie ...

Une grande maison, une nounou à temps plus que plein, une femme de ménage… Le rêve pour de nombreuses jeunes mamans qui vivent en France, avec de temps à autre, tout de même quelques bémols ! 

Nathalie, avant de vivre à Dehli, travaillait énormément en France. Une fois arrivée en Inde, elle a choisi de se consacrer entièrement à son jeune fils : "Je n’ai jamais voulu avoir de nounou. Je voulais pouvoir profiter pleinement de mon petit garçon. La séparation n’en a été que plus difficile lorsqu’il est allé à la crèche mais nous avons vécu de très beaux moments tous les deux et à aucun prix je n’aurais voulu passer à coté. "
Hélène, aux Etats-Unis n’a, elle, jamais eu les moyens de se payer une nounou.  "Il aurait fallu trouver un emploi très qualifié pour qu'une nounou soit "rentable". Mais à Cincinnati, ça n’était pas évident. Je n’ai pas eu d’autre choix que de rester avec mes enfants, même si cela m’allait bien !" Elise à Berlin raconte qu' "en Allemagne, la mère est considérée comme devant être toujours disponible pour son enfant. Pas de halte-garderie, les seules activités prévues sont en présence de la mère (ou du père), et dans l'esprit des gens la mère doit être disponible pour son enfant en permanence !"

Stella travaillant, a tout de suite confié ses filles à une nounou chinoise. "Ma nounou était super et très disponible. Elle s’occupait avec beaucoup de patience des filles qui ont, à son contact, très vite maitrisé le chinois. Il y avait tout de même certaines choses que je n’aimais pas trop comme le fait qu’elle leur donne des bonbons à la viande ou au poisson séché dès l'âge de 6 mois !"

Chloé arrivait de Paris avec son petit garçon de 3 mois quand elle s’est installée au Vietnam : "Nous avons quitté un petit appartement parisien pour vivre dans une grande maison avec jardin. Mon fils avait une qualité de vie incomparable à celle qu’il aurait pu avoir en France. J’avais la chance d’avoir une cuisinière ! Ce qui fait que mon bébé n’a jamais mangé un seul petit pot de sa vie : que du frais ! Par contre j’ai dû batailler ferme avec la nounou pour qu’elle ne soit pas l’esclave du bébé… Ne pas le porter tout le temps, ne pas lui courir après pour lui donner son déjeuner, le laisser jouer seul de temps à autre, bref, ne pas en faire un petit roi !"

Pas tous les jours facile

La solitude de l'étranger cumulée à celle de la jeune mère peut parfois rendre la vie difficile. 
Chloé se souvient d’un violent orage en période de mousson à Hanoi : "J’étais terrorisée. Plus d’eau, plus d’électricité, plus de téléphone, l’eau qui monte, mon bébé qui pleure. Je me suis vraiment demandée ce que je faisais là ! J’avais vraiment envie de rentrer en France où tout est tellement plus simple et familier ! Un grand moment de solitude..."
Pour Elise, la vie en Allemagne n’a pas toujours été facile : "La famille à 1.000 km alors qu'on aurait bien besoin de leur présence. Sans parler de la solitude de la jeune mère pendant le pire hiver berlinois depuis 40 ans… J’ai également dû faire face à l’épuisement et à la difficulté de faire le moindre projet d'emploi du temps car j'étais entièrement soumise au bébé le tout dans une ville où je n’avais presque pas de relations, et dont je maitrisais mal la langue."


Claire Largilliere (www.lepetitjournal.com
Fondatrice Expat Junior