Embarquement pour un nouveau départ

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Vous êtes sur le point de repartir ou bien même de rentrer dans votre pays d’origine ? Sachez que ce nouveau départ aura la saveur d’une nouvelle aventure, palpitante, déstabilisante, parfois souhaitée ou bien subie, c’est quoi qu’il en soit un passionnant challenge qui est à relever !

Déjà, il vous faut savoir qu’un nouveau départ signifie le plus souvent revivre tout le processus de l’installation. Être en partance pour une nouvelle destination c’est devoir s’accoutumer à un environnement différent, à une autre culture et éventuellement à une autre langue. De nouveaux efforts d’acclimatation seront à mener, accompagnés parfois d’une lassitude et d’un désir de pouvoir enfin poser ses valises. Ce processus lié au cycle d’adaptation n’est pas nouveau pour vous. Vous avez déjà vécu ces étapes d’ajustement que sont le départ, la lune de miel, le choc culturel et l’ajustement. Vous avez connu cela en vous installant dans ce nouveau pays que vous allez maintenant quitter. Peut-être êtes-vous confiant, impatient, enthousiaste, excité, ou au contraire déçu, nerveux, inquiet de ce que vous allez maintenant découvrir… Alors déjà, faisons le point sur ce que ce départ implique.

Tout d’abord, il y a ce cycle d’adaptation qui est un peu particulier lorsqu’il s’agit d’un retour vers le pays d’origine :

  • Le moment du départ : ça y est, le là-bas commence à envahir le quotidien. Il faut se préparer, être déjà un pied dans l’ailleurs alors que vous n’en avez pas encore fini avec ici. Cela procure une certaine ambivalence pour certains, avec des phases d’enthousiasme qui rencontrent des moments de plus grande appréhension. C’est un grand manège émotionnel chargé de hauts et de bas alors que toute l’énergie va dans les actions et « tout ce que je dois faire ».
  • La lune de miel a lieu une fois arrivé ou de retour dans son pays d’origine. On retrouve sa famille et ses amis, nous sommes accueilli et célébré. Nous pouvons retrouver avec joie tout ce qui nous a tellement manqué durant ces années d’absence. Dans un nouveau pays c’est le temps des découvertes.
  • Et puis, le choc culturel se produit. La magie des débuts se fane. Les choses qui ne nous plaisaient pas réapparaissent, la lassitude d’avoir à gérer tout ce qui est décidément bien différent s’installe, la nostalgie des bons côtés de l’autre pays se renforce. On devient plus acerbe, plus critique, tellement plus conscient d’être différent grâce à l’expatriation. Nous sommes alors devenu comme une sorte de patchwork multiculturel. Le retour ressemble presque à une nouvelle expatriation dans son propre pays d’origine.
  • Enfin le temps du réajustement s’opère. On reprend ses marques, on se pose vraiment là, des habitudes et une routine se mettent en place. On retrouve un réseau de proches parfois auprès d’anciens expatriés. Là-bas et ici se sont combinés en soi et ne s’opposent plus en soi.

Le terme « d’impatriation » désigne un retour qui se fait vers le pays d’origine. Bien que supposé familier, ce pays n’est plus tout-à-fait le même. Et vous non plus d’ailleurs. Après une période de vie à l’étranger, riche en expériences et en découvertes, les perceptions et les impressions se sont modifiées. Les lieux naguère coutumiers ne sont plus tout à fait pareil. Les proches ont également changés et des expériences de vie ont affecté votre comportement. Les habitudes d’autrefois ayant été altérées, la routine peine à être retrouvée. On devient une sorte d’hybride culturel, fruit du métissage de plusieurs expériences. En pleine mutation, on n’est plus celui qu’on était avant le départ et on ne sait pas forcément ce qu’on est vraiment devenu.

Un changement important qui se produit en soi

Naomi Hattaway explique qu’en repartant de votre pays d’adoption, vous êtes désormais des sortes de triangles provenant d’un pays rond et s’installant dans une société carrée. L’image du triangle est ainsi l’assimilation d’éléments provenant de ces deux cultures aux formes différentes.

Des sentiments de frustration, de solitude et d’insatisfaction peuvent rejaillir, le tout accompagnés d’une nostalgie pour le pays d’expatriation. Avec la distance, certains réalisent les avantages et les côtés positifs qui existaient dans le pays qu’ils viennent de quitter. Certains se retrouvent partagés entre, d’une part, la satisfaction de retrouver leur culture d’origine et leurs proches et, d’autre part, les regrets de quitter une culture d’adoption et de nouveaux amis.

Quel est le rôle des amis ?

Les amis ont un rôle particulièrement important dans le vécu du départ. Les amis qu’on laisse sur place dans le pays qu’on quitte sont les témoins de cette vie passée dans cet ailleurs. En gardant un contact avec eux, on peut parfois se ressourcer auprès d’eux pour retrouver la saveur de cette expérience de vie que nous avons laissée. Ils deviennent un pont reliant ce que vous étiez à ce vous devenez, entre le ici et le là-bas. Ils peuvent à la fois vous encourager dans votre adaptation tout en maintenant un rôle de réconfort affectif compréhensif. L’important est de néanmoins s’adapter dans le nouveau pays qu’on intègre, en prenant appui sur ce réseau amical.

Un rituel important à réaliser avant de partir consiste néanmoins à dire au revoir à ceux qu’on laisse. Ne pas marquer symboliquement ce départ peut être nier le chagrin de quitter ceux dont nous avons été proche, peine qui peut alors rester tapie en soi pour se muer en regrets et freiner l’intégration future. Partir implique marquer la page qui se tourne, même s’il existe la possibilité de revenir. Ce ne sera jamais un retour en arrière mais encore une nouvelle étape à vivre, comme lors d’un retour dans le pays d’origine. On revient différent. On avance toujours en franchissant de nouvelles étapes.

En tant qu’amis ou famille, comment pouvez-vous aider celui qui revient au pays ?

  • Montrer de l’intérêt pour l’expérience vécu
  • Ne prenez pas personnellement le fait qu’il compare souvent les deux pays, notamment avec un esprit critique important
  • Soyez compréhensif. Il a besoin de retrouver ses marques.
  • Soyez patients. Il a besoin de quelques mois pour se sentir à nouveau vraiment chez soi.

Gérer nos périodes de transitions

Une technique pour mieux vivre les transitions est « le système des 4S ». Il s’agit d’identifier quatre caractéristiques présentes durant cette phase de transition qu’est le moment du départ :

  • La Situation : Quelle est votre situation réelle à ce moment-là ? Quels autres stress vivez-vous ? Que se passe-t-il vraiment aujourd’hui ?
  • Le Self : Comment supportez-vous cette situation ? Comment vous sentez-vous ? Quelles sont vos ressources personnelles pour vivre cette situation ?
  • Les Soutiens : Comment êtes-vous aidé ? Sur qui et sur quoi pouvez-vous compter ?
  • Les Stratégies : Quelles sont les différentes démarches que vous pouvez entreprendre ? Que pouvez-vous mettre en œuvre ?

Une fois que toutes ces caractéristiques ont été identifiées, la transition apparaît plus clairement et elle est alors moins subie. Une démarche plus active peut alors être mise en place, ce qui aide à mieux vivre cette situation d’entre-deux.

Pour les enfants, en fonction de leur âge, quitter le pays qui nécessita des efforts d’adaptation peut être source d’une grande souffrance, surtout quand le réseau amical s’est constitué et que la scolarité locale y a été faite. Rentrer dans le soi-disant pays d’origine peut sembler bien abstrait pour celui qui a passé davantage d’années à l’étranger ou qui y est même parfois né. Pour eux, « rentrer » dans ce pays qu’ils connaissent peu ou pas peut s’agir en réalité de leur véritable expatriation, avec de nombreux défis scolaires et sociaux à surmonter. Partir pour un nouveau pays signifie aussi devoir se réadapter et se refaire des amis.

Pour les aider, vous pouvez réinstaller le plus vite possible des éléments de familiarité et de routine, comme leur permettre de retrouver une chambre remplie d’objets qui leur appartiennent. Avant le départ, montrez à l’enfant, au moins par photos, l’endroit où ils vivront, en mettant en avant les lieux d’attraction qui peuvent les séduire. Essayez de maintenir des moments de complicité et de réconfort quand leur inquiétude augmente. Mettez également en avant les bénéfices de cette vie à l’étranger : connaissance d’une nouvelle langue, connaissance d’un nouveau pays, expérience qui peut les rendre intéressants auprès des autres, réseau amical qui s’élargit, plus grande ouverture aux autres et aux cultures.

 
Conseils pour mieux préparer son retour :

  • Pour que le retour soit réussi, une période d’acceptation de fin de la vie d’expatrié s’avère nécessaire, avant même le retour effectif. Il s’agit de préparer le départ : Que veux-je ramener ? Que me reste-t-il à faire ? Que puis-je organiser pour quitter mes amis ?
  • Un bilan des acquis personnels et professionnels permet de clarifier les bénéfices de l’expérience internationale : Qu’ai-je appris avec cette expérience ? Quel savoir ai-je développé ? Comment ai-je évolué ?
  • Définir clairement les projets personnels et professionnels une fois rentrés permet de maintenir une idée de continuité de vie : Qu’ai-je envie de réaliser maintenant ? Comment puis-je m’y prendre ? Comment lier mon expérience à mes projets ?
  • Il est ensuite important d’anticiper les aléas du retour en prévoyant ce qui peut être nécessaire pour la réinsertion de soi et de la famille : De quoi ai-je besoin ? Comment puis-je anticiper l’installation ? Qui peut m’aider ?
  • Profitez au maximum du lieu d’expatriation avant de partir pour éviter les regrets
  • Faites le tri dans vos affaires en ayant en tête que votre futur lieu d’habitation portera des traces de votre séjour à l’étranger. Les souvenirs de là-bas font dorénavant partie de votre chez-vous.

Magdalena Zilveti-Chaland, psychologue, auteure de "Réussir sa vie d'expat"
Site : http://www.intelligence-nomade.com/