Voir son enfant prendre son envol, c’est un mélange unique de fierté et de petites inquiétudes. On se réjouit de son indépendance… et en même temps, une question revient souvent : Sera-t-il capable de se nourrir correctement, de dormir assez, de rester actif ?
Quel que soit le pays ou le continent d’accueil, au milieu de cette liberté fraîchement acquise, les jeunes découvrent un quotidien où les tentations sont nombreuses : repas express, soirées qui s’éternisent, budget serré, journées sans bouger…
Mais autonomie ne signifie pas forcément frigo vide et coups de fatigue à répétition. Trois piliers simples permettent de garder le cap : des repas équilibrés, un sommeil réparateur et un minimum d’activité physique. Pas besoin d’être parfait, avoir quelques bons réflexes suffisent !
Bien manger sans (trop) galérer
Premier grand défi de la vie en solo : remplir son assiette sans se contenter de nouilles instantanées. Beaucoup de jeunes découvrent que se nourrir demande un peu d’organisation.
L’objectif n’est pas de les transformer en chefs étoilés, mais de leur donner quelques bases solides : savoir cuire des pâtes et des légumes, associer une source de protéines, penser à inclure un fruit et un yaourt. Ces repères simples suffisent déjà à limiter les carences et à maintenir le tonus.
Autre point crucial : le budget alimentaire. Entre promotions séduisantes et rayons remplis de produits transformés, la note grimpe vite. Apprendre à répartir son budget, établir une liste, comparer les prix, privilégier les produits bruts… ce sont des petits gestes qui évitent le découvert et une alimentation 100 % pâtes au beurre.
Bien se nourrir, c’est également se constituer un capital pour demain. On le lit dans les journaux : le taux de personnes en surpoids augmente, le nombre de cas de diabète et de cancers en tous genre explose : comment faire les bons choix aujourd’hui ? Choisir des produits locaux et de saison, réduire la part d’ultra-transformés ou limiter la viande au profit des légumineuses, ce sont autant de gestes simples qui allient budget, santé et respect de la planète.
Mais attention : entre réseaux sociaux et influenceurs autoproclamés, les jeunes sont bombardés de conseils nutritionnels souvent contradictoires. Savoir distinguer une information fiable et sourcée d’une « intox » est devenu indispensable.
Connaissez-vous les déficits nutritionnels les plus fréquents chez les étudiants ?
- Le fer : surtout chez les jeunes femmes → peut provoquer fatigue et baisse de concentration.
- Le calcium & la vitamine D : quand les produits laitiers disparaissent, les os en pâtissent.
- Le magnésium : stress + alimentation déséquilibrée = sommeil perturbé et nervosité.
- La vitamine B9 & B12 : peu de légumes verts, passage à une alimentation végétale non équilibrée → anémie en embuscade.
- Vitamine C : fruits absents = défenses immunitaires en berne.
- Oméga-3 : sans poissons gras ou oléagineux, l’humeur et la concentration souffrent.
Ces manques ne sont pas une fatalité : une alimentation variée et colorée et de bons réflexes suffisent à les prévenir.
Dormir : le superpouvoir invisible
Si les repas sont visibles, le sommeil reste discret… et souvent négligé. Pourtant, il régule l’équilibre général. Les soirées séries en cascade, les révisions de dernière minute ou le défilement sans fin sur les réseaux sociaux volent des heures de repos précieuses.
Les conséquences dépassent largement les bâillements en cours : baisse d’attention, immunité affaiblie, fringales sucrées pour compenser, humeur instable. Ce n’est pas vraiment la recette idéale pour réussir !
Heureusement, quelques réflexes simples changent la donne : respecter des horaires réguliers, couper les écrans avant de se coucher, créer une routine «sommeil», valoriser le sommeil comme un allié plutôt que comme une perte de temps.
Un étudiant qui dort bien apprend mieux, gère plus facilement le stress et tombe moins malade. Présenter le sommeil comme un « booster d’énergie gratuit » fonctionne souvent mieux qu’un discours moralisateur.
Rester actif, même sans salle de sport
En quittant le lycée, beaucoup de jeunes laissent aussi derrière eux leurs clubs sportifs. Résultat : des journées entières passées assis, entre amphis, bibliothèque et écrans. Pourtant, le mouvement reste un régulateur naturel puissant : il apaise le stress, améliore la concentration et soutient la forme physique.
Pas besoin de viser un marathon ! Il existe des moyens simples et économiques, ne nécessitant aucun matériel compliqué, comme marcher 30 minutes par jour, prendre l’escalier, descendre une station de métro avant, courir un peu, rejoindre une équipe locale ou un cours de danse : tout compte ! L’important, c’est la régularité… et surtout le plaisir.
Côté parental, inutile de mettre la pression : mieux vaut présenter l’activité physique comme un outil pour garder le moral et retrouver du tonus. Bouger n’est pas seulement une question d’apparence, mais un vrai soutien pour l’équilibre mental et le sommeil.
C’est ce changement de perspective qui aide souvent les jeunes à intégrer une activité dans un emploi du temps chargé.
Conclusion : transmettre l’essentiel, pas l’impossible
Accompagner un jeune vers l’indépendance, c’est accepter qu’il expérimente, qu’il se trompe… et qu’il apprenne à corriger. Le but n’est pas d’en faire un expert en nutrition et hygiène de vie, mais de lui donner des repères concrets et les clés pour faire le tri dans les informations à sa disposition : quelques recettes simples, l’importance d’un vrai repos, l’habitude de rester actif.
Ces bases, transmises au bon moment, l’aident à bâtir des routines durables et lui seront utiles pour traverser cette période charnière puis, plus tard, à vieillir en bonne santé.
À lui maintenant de tracer sa route… avec énergie, curiosité et confiance !
Ecrit pour Expats Parents par Hélène Le Moult, Médecin gastro-entérologue. Conseil en nutrition pour toute la famille, spécialisé en alimentation durable. Elle propose notamment un accompagnement sur mesure pour les ados qui quittent le nid familial.
Son site : www.helenelemoult.fr