La politique et l’expatriation : de quoi je me mêle ?

#expatriation , #témoignage

Quand l’heure du grand départ sonne, notre attention est totalement accaparée par les soucis de logistique, les démarches administratives à venir et d’autres aspects pratiques.

Une fois nos cartons déballés, d’autres centres d'intérêt viennent combler les petits coins et recoins de notre cerveau. La législation en vigueur ou la politique du pays d’accueil n’en font aucunement partie. Je mettrais même au défi tout néo expatrié capable de nommer un responsable local ou de connaître toutes les règles du code de la route en vigueur !

Non par manque d'intérêt pour le pays d’accueil, mais au vu de la durée du séjour relativement courte et des délais accordés entre le moment de la prise de décision et le déménagement, notre priorité va vers l'essentiel : les écoles, le logement, les assurances, le permis de conduire -entre autres sujets pratiques de la vie quotidienne-.

 

Et puis, de quoi on se mêle ? 

On pourrait en effet se le demander, sauf que ce n’est pas toujours possible de passer à côté et de faire semblant de ne pas être concerné. 
En effet, certaines réalités s’imposent d’elles même !

C’est ainsi que j’ai découvert le système de votations Suisse, les contraintes du service d’immigration italien, la complexité des visas aux US et bien d’autres règles qui divergent de la loi française. 

Cet état d’ignorance manifeste accompagne un bon moment nombre d'expatriés lors de leur séjour et n’est amené à changer qu’au fil des situations imprévues ou d’un hasard du calendrier faisant coïncider le séjour avec un événement crucial tel qu’un accouchement, un achat immobilier ou encore une élection susceptible de changer la face du monde.

Ce fut le cas à notre arrivée aux US en 2015 ! 
Juste le temps de nous poser, et nous voilà au centre d’un tournant de l’histoire, à savoir la campagne électorale la plus médiatisée au monde, celle du président américain -et pas n’importe lequel-. 
Lors de cette campagne en effet, l’enjeu était de taille, non seulement au niveau des partis en question mais aussi d’une première historique : la réélection du 1er président noir américain.

Inutile de préciser que venant d’Italie où j’avais feint d’ignorer les enjeux politiques (à vrai dire je n’y comprenais pas grand chose) et que j’avais déjà un mal fou avec le jonglage droite/ gauche à la française, alors les règles du combat démocrates / républicains, pour moi c'était un vrai charabia ! 

Mais qu'à cela ne tienne ! On se prête pourtant au jeu, bon gré mal gré, emportés par l’enthousiasme des anciens expats qui eux, vivaient à fond la situation comme si leur vie en dépendait. 

On réalisera par ailleurs bien plus tard que même si on est visiblement en dehors de tout ça, il n’y a pas moins d’impact sur notre petite existence. Alors on fait des efforts pour rattraper notre retard de connaissance relatif à la constitution américaine et on commence à y voir plus clair, à tenter d’évaluer les pour et les contre de telle ou telle issue du scrutin, à s'enthousiasmer pour tel ou tel candidat et ce, quand bien même nous n’avions pas le droit de vote.

Mais tout comme pour les jeux olympiques, bien que ne maîtrisant pas les règles de toutes les disciplines qu'à cela ne tienne, on regarde quand même, on commente bien sûr et on a même nos favoris !!

Et une fois tout ça fini, on fait le bilan. Car mine de rien, on a beau ne pas être américain, l'élection d’untel ou untel n’est pas sans impact sur notre petite vie d’expats.

D’abord au niveau administratif (visas, permis de travail, achat immobilier…), au niveau fiscal évidemment et financier (décisions économiques, inflation, augmentation des prix ..).

Et quand ça touche les intérêts personnels, notre intérêt peut aller bien au-delà des frontières.
Je me souviens de parents très intéressés par les élections canadiennes comme à la finale de coupe du monde de football , pas besoin de tout comprendre, l’important c’est le résultat ! 
Et comme l'enjeu est de taille, ils suivaient de très près, faisaient leurs pronostics et évaluaient les impacts : 

Si X est réélu, les étudiants français continueront à s'acquitter des mêmes frais de scolarité que les canadiens autrement ils devront payer le même montant que les internationaux ce qui revient à un peu plus du double du montant initial !
Alors canadiens ou pas , les expats français étaient à fond !

Voilà qui nous ramène à un autre vote qui a concentré un bon nombre de regards : le Brexit ! 
Et dire que la connaissance de la majorité des expats français se limitait aux histoires des tabloids anglais et de la vie palpitante de la famille royale !
Voilà que tout le monde se retrouve à retenir son souffle en attente des résultats du référendum anglais.  
Et pour cause : l’issue risquait de faire très mal !

Et ce qui devait arriver, arriva ! 
Certaines familles ont dû plier bagages car plusieurs règles avaient changé. De même, les étudiants ont dû modifier leurs plans suite aux augmentations des frais de scolarité et autres contraintes administratives.

Et quand tu ne t'intéresses pas à la politique c’est elle qui s'intéresse à toi !

Prenons l’exemple du jeune couple qui atterrit au Texas ou ailleurs pour étudier. Ils décident de prolonger leur séjour, puis 2 mômes plus tard repartent en France ou ailleurs et continuent leur vie loin des Etats Unis.
Bébés devenus grands, prennent leur envol, veulent ouvrir un compte en banque et Oups, problème !  
Ces citoyens américains qui s’ignorent se retrouvent soumis à la loi américaine en n’ayant pas la moindre idée de son contenu et ne peuvent s’en affranchir qu’en payant des droits à renoncer à leur citoyenneté !

Cet état de fait n’est pas propre aux US. Le droit de sol accordé dans près d'une trentaine de pays (Canada, Mexique, France, l’Australie ..) Ce n'est pas sans conséquences pour tous les pays.

Alors la politique du pays d’accueil, il vaut mieux en réviser les basiques, un minimum !

S’il y a un autre exemple à citer nous ayant imposé la politique au quotidien, c’est bien l'avènement du Covid en 2019 ! 

La pandémie a, en fait, largement participé à notre initiation voire même notre spécialisation en géopolitique. 

Les chaînes d’info aidant - ils étaient au centre de nos occupations quotidiennes - les politiques sanitaires de différents pays n’avaient plus de secret pour nous.

Qui aurait pu prétendre avant cela, connaître le nom du ministre de la santé de son pays d'accueil ou le médecin référent du gouvernement !

Situation exceptionnelle, intérêts exceptionnels !

Des itinéraires de vols aux délais des containers en passant par les conditions d'entrées dans différents pays aux connexions internet dans tel ou tel endroit tout y est passé !  

On n’a jamais été autant au courant de ce qui se passait au-delà des frontières. 

Le retour à la normale a fini par apaiser notre besoin de connaissance et modérer nos élans.  

La politique oui mais avec modération !


Ecrit pour Expats Parents par Mouna Blila : https://www.linkedin.com/in/mouna-blila-mamere-5b8639133/