Pour nous, ce sera le Bac français !

#expatriation , #scolarité

L’expatriation nous évoque le plus souvent l'idée de changement, de nouveau, de renouveau, mais aussi de choix : choix de partir ou pas, choix du lieu de résidence, choix de quartier, choix de scolarisation pour les enfants …

Dès leur plus jeune âge, des compromis sont à faire : crèche ou garde à la maison, éducation classique ou type Montessori, opter pour la sécurité en rejoignant le système éducatif français et s’y tenir le long de ses différentes expatriations ou partir à l'aventure en tentant le système local avec une promesse d’ouverture sur une culture différente, l’apprentissage d’une nouvelle langue mais aussi des contraintes éventuelles pour la suite.

Une fois ce choix fait, la responsabilité des parents est engagée. Responsabilité de la réussite sociale mais aussi et surtout responsabilité de la réussite scolaire les incitant à s'impliquer encore plus que ceux restés dans leur milieu naturel et pour qui tout coule de source.

Mais expat ou pas et quelle que soit l’option choisie, une seule certitude : la participation à la scolarité de ses enfants est une des clés de leur réussite.

Dixit une étude sur l’importance du soutien familial dans la réussite scolaire des enfants: “ l’école n’est pas l’unique responsable de la réussite ou de l’échec scolaire des enfants. …l’attitude de la famille, notamment celle des parents, est un facteur clé du bon déroulement de la scolarité …”. 

Ceci dit, aider ses enfants, les encourager, les épauler, quoi de plus naturel surtout dans un milieu inconnu ? Mais refaire l’histoire avec eux en plus compliqué, c’est moins évident !


Commençons par le commencement !

Déjà du haut de leurs 3 ans, les dessins de nos enfants ne nous laissent pas indifférents. Ils viennent orner le frigo et se voient remplacés au fil des ans par les petits mots de la fête des mères, le poème de la fête des pères, la carte postale pour le jour des grands-parents, jusqu'à se faire détrôner par les magnets rapportés des différents voyages scolaires ou estivaux.

L’implication des parents va crescendo de la maternelle au primaire, surtout pour les enfants scolarisés dans le système français. L'abandon des devoirs faisant partie de la théorie, les parents redoublent d’effort pour mener leur petit monde à bon port.

De l’apprentissage de la lecture à l'écriture, à la grammaire de base en passant par la table de multiplication jusqu’au théorème de Thalès ! D'année en année, les devoirs se compliquent, s’allongent, mettant à l'épreuve la capacité d'accompagnement et le degré de patience qui fond comme neige au soleil.

Le statut de savant, le “tu sais mon papa/ ma maman sait tout”, en prend un coup, entraînant dans sa chute l’assurance déjà bien entamée par la culpabilité du déracinement et celle de devoir passer la main sur la scolarité de sa progéniture. 

Cependant, avouons-le, on ne remerciera jamais assez l’inventeur des cours de soutien. Ces garants de la paix familiale et des encouragements ou de la mention reçue par nos petits et principaux conservateurs de notre chère langue française. Il est vrai que dans ce domaine on a l'embarras du choix : Axiom Academic, Expat Pro, Cned ...

Ceci dit, si c’est un vrai plus pour les élèves des écoles locales et du primaire français, il en est autrement pour les lycéens, surtout ces dernières années !


Dépaysement garanti !

En effet, le coup de neuf donné en 2017 à la dernière année du cycle 4, dit cycle des approfondissements (brevet pour les anciens) a bousculé pas mal de certitudes.

Bien que l'intérêt de ce diplôme soit mitigé, l'impact de sa nouvelle formule n’a laissé personne indifférent, aussi bien en raison de la complexité de calcul de l’examen que de ses incohérences (socle commun /examen final). 

Mais ce n'était qu’une mise en bouche servie par les décideurs de l’éducation nationale ! S’en est suivi une série de réforme dont le rythme n’a cessé d’augmenter, une à peu près tous les deux ans, atteignant au passage le Baccalauréat jusqu’ici intouchable.  

Résultat des courses, les parents se sont vus astreints à une présence assidue aux réunions d’informations d’abord du collège puis du lycée si ce n’est des deux (pour les chanceux dont un enfant est en 3eme et l’autre en terminale, il fallait prévoir des sandwichs !). 

Bref, pour les parents de bacheliers, pas du tout anxieux à la base quant à l'avenir de ces derniers, il ne fallait rien rater : les épreuves anticipées, les épreuves nationales des spécialités conservées en terminale, le grand oral, le système de notation, ce qui est pris en compte dans la note finale, à quel pourcentage, … et surtout les conséquences des multiples choix sur la suite de leur scolarité !

Le temps de digérer tout ça et après avoir survécu à la réforme du brevet, voilà que ça reprend, faisant presque regretter aux parents le choix de scolarité initial pour leurs chérubins. 

"Pourquoi X ne passe pas l’ IB, Maturità, High school diploma, Gymnasium que sais-je ! Il a fallu que X passe son Bac français parce qu'on ne sait jamais ! On aurait mieux fait de consulter les cartes !”

Et avant même d'émerger de ses réflexions, surgit un néologisme qu’on n’oubliera pas de si tôt : Parcoursup.

Un mot comme son nom l’indique censé tracer le chemin vers le supérieur comme le feraient les balises sur un parcours sportif.

Un mot qu’on retrouvera bientôt dans le dictionnaire : Parcoursup né le 15 janvier 2018, plateforme nationale d’admission en première année des formations du 1er cycle de l’enseignement supérieur. 

Celle-là même qui fait encore tourner les têtes des proviseurs, des conseillers d’orientation, du corps enseignant, des élèves et à plus grande échelle des parents.

Évidemment, on peut prendre ses jambes à son coup et laisser passer son tour. Tenter les universités étrangères, mais c’est sans compter sur la petite “vengeance” de nos petits qu’on a embarqués dans nos valises d’un pays à l'autre, et qui n’ont souvent plus qu’une envie : se poser !

Et se poser ou ? Allez, soyons original ! Dans la mère patrie : la France !

Du coup, Parcoursup, on s’y colle et on a intérêt à être bon.

Et comme si ce n'était pas suffisant, 2019 sera l'année du Covid ok, mais surtout l'année de lancement de la réforme du Baccalauréat prévue en 2021.

Et rebelote, on prévoit du café et des biscuits et on retrouve les copines (car il ne faut pas se mentir c’est toujours les mêmes qui sont là ) aux réunions d’info.

Notre boîte mail sature en notes d’informations, de complément d'information et de notes rectificatives des précédentes informations et ce, jusqu’en novembre 2021.

Quelques dizaines de réunions et d'e-mails récapitulatifs plus tard, de l’illusion d’avoir compris comment ça marche à se rendre compte de ses limites jusqu'à renoncer à toutes ses bonnes résolutions il n'y a qu’un pas!

Et si on méditait sur tout ça ?

Fermez les yeux une seconde, respirez et dites vous bien que oui ! Vous êtes bien la même personne qui, quelques années plus tôt s'était promis d'être un parent plus détendu que les autres excités. La même personne qui se répétait en boucle : 

  • Moi, obliger un de mes enfants à prendre Maths malgré lui, hors de question.
  • Moi, influencer les choix de mes enfants, au temps pour moi. 
  • Moi, faire pression sur mon petit pour une mention, ça ne me ressemble pas.
  • Moi, consulter Pronote comme on consulte la météo, impossible. 
  • Moi, relire, voire refaire, le CV et les lettres de motivation d’un de mes enfants, jamais de la vie.
  • Moi, passer des heures sur fb a chercher des infos sur telle ou telle école, certainement pas.
  • Moi, avoir recours à un coach d'orientation, je ne crois pas.

Et pourtant !

Merci New Bac suite à quoi on aura coché toutes les cases ! Merci Parcoursup sans quoi les statistiques et la carte universitaire seraient encore mystiques !

Petite pensée au passage aux parents des réseaux sociaux qui ont mis tout de côté le temps d’un bac et dont je fais partie.

Ces parents qui cherchent désespérément les réponses sur les circuits officieux quand les circuits officiels peinent à répondre, au risque de se trouver en apnée sous la multitude de réponses contradictoires et approximatives.   

On sait désormais que la trilogie du Bac : S, ES et L qui a détrôné les filières A,B,C et D en 1995 (quand même) est révolue, que l’attestation du Bac n’est plus suffisante pour intégrer une université, qu’il faut une lettre de motivation passer des concours et des entretiens en anglais pour être accepté dans une école, et se fier à la boule de cristal autrement dit les algorithmes de Parcoursup.

 

Une chose est sûre, en attendant celle des bacheliers, les parents auront largement mérité leur “bacca laurea” - la couronne de Lauriers dixit les anciens- et en bonus seront au taquet pour le round suivant !
Reste à leur trouver un logement dans leur nouvelle terre d’accueil. Mais ça, on sait faire, du moins c’est ce qu’on croit !


Ecrit pour Expats Parents par Mouna Blila : https://www.linkedin.com/in/mouna-blila-mamere-5b8639133/