La plupart des souvenirs que j’ai se situent après le début de notre aventure. Notre aventure, celle que nos parents nous ont permis de vivre, partir vivre ailleurs que notre lieu de naissance, et par ailleurs j’entends loin, sur d’autres continents. Prendre l’avion est devenu aussi banal que devoir prendre le train pour aller quelque part ; juste un temps long car les endroits où je suis allée ont toujours été loin. Pour mon horloge interne il est 3h16, et 8h16 heure de Paris, je suis dans l’avion, directement Joué l’abbé ; le soleil se lève petit à petit à travers mon hublot … alors peut-être que j’écris cela parce que je suis assez émotive en ce moment, et justement j’en profite pour continuer l’histoire, et au passage sûrement faire plaisir à ma maman.
Je ne me rappelle pas vraiment si je l’avais souligné précédemment, mais notre aventure, avec ma maman, mon papa et ma petite sœur, nous a unis comme jamais. Parce que c’est vrai que se retrouver le 31 décembre dans un pays d’Afrique à manger des pâtes au jambon avec de l’eau pétillante, c’est un changement plutôt radical. Mais on a réussi à « survivre », parce qu’on était tous les 4 ensemble, mais aussi grâce à l’amour, je pense principalement l’amour de nos parents. Si ce dernier n’était pas fort, je pense qu’aucun des 2 n'aurait pu accomplir ce qu’ils ont fait. Ils étaient là pour se soutenir dans leurs passes difficiles respectives, et ils arrivaient à créer une sorte d’équilibre pour que tout se passe au mieux. Peut-être que de leur point de vue, l’amour qu’ils nous portaient était tout autant important, comme si par cet amour ils ont voulu nous apporter toutes ces richesses que nos aventures ont pu nous apporter.
Je pense que la relation que Margot et moi pouvons avoir avec nos parents est sûrement celle dont de nombreux enfants rêveraient. Nos parents nous ont toujours écoutées, protégées, chéries d’amour, et j’espère que je serai autant à la hauteur le jour où je serai parent à mon tour. Ouverts d’esprit, avec tout ce qu’on a pu leur raconter, toutes ces histoires que tous les enfants ne partageraient pas avec leurs parents. Mais aussi dans mon cas, l’acceptation si banale de mon homosexualité. Alors ils s'en doutaient sûrement avant que je leur annonce, mais même avant que l’idée face surface, ils ont toujours su être ouverts sur ce sujet, et nous faire comprendre qu’ils nous accepteraient de la même manière que si l’on était hétéro, et c'est une immense chance. Une chance qui semble évidente à leurs yeux. Et si je parle de ça c’est parce que je pense que c’est l’amour qui fait tout cela.
L’amour qui joue un rôle essentiel dans la réponse à ma question, car être entouré des personnes que l’on aime et qui nous aiment peut sembler une évidence. Et le jour où j’ai choisi de retourner en Sarthe pour faire mes études, notre quatuor a semblé se séparer. Heureusement que ce retour au froid, dans la pluie et loin d’eux était volontaire, car sinon ça aurait été très dur pour moi. Je suis en train de vivre ma 3ème année loin de ma famille, et bon ça se passe plutôt bien même si ces 2 dernières semaines ont été stressantes pour plusieurs raisons. Et même si ma famille était loin, elle était là pour me soutenir, pour me comprendre et m’écouter, et aussi pour m’accueillir chaleureusement pour Noël.
Peut-être que nos vies d’enfants si proches les uns des autres étaient faites pour nous encourager vers notre vie d’adulte, comme une forte dose d’amour pour nous permettre de prendre notre meilleur envol.
Peut-être que c’est la distance qui me fait penser qu’on est fait pour être proches.
Ecrit par Justine Hardy, 20 ans