Un peu d’histoire...
La langue des signes est une langue à part entière : elle possède sa propre syntaxe, elle est vivante et au fil des générations, les jeunes l’enrichissent de nouvelles expressions. Comme toutes les langues, elle véhicule une culture : la sourditude, indissociable du tragique Congrès de Milan en 1880. À compter de cette date, la langue des signes a été interdite pendant près de cent ans en Europe.
Heureusement, de l’autre côté de l’Atlantique, on a eu un regard bienveillant sur ce mode de communication. Aujourd’hui, aux États-Unis, l’ASL (American Sign Langage) a ses lettres de noblesse. Elle est la quatrième langue parlée dans le pays. Tellement qu’elle n’est pas seulement réservée aux sourds. En effet, là-bas, il n’est pas rare de croiser des parents qui utilisent ces gestes pour communiquer avec leur bambin. Et ce dernier utilise ses petites mains pour leur répondre avant même de savoir parler. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : un tiers des parents et plus de la moitié des halte-garderie pratiquent l’ASL.
Quel est l’intérêt d’apprendre la langue des signes à un bébé expatrié ?
Dans ses premiers mois de vie, un bébé n’a pas les capacités physiologiques pour produire de la parole. Son larynx n’est pas prêt. Mais il a les compétences cognitives pour s’exprimer...par les signes !
Des chercheurs émérites dans le domaine du développement de l’enfant (Joseph Garcia, Linda Acredolo, Susan Goodwyn) ont observé de nombreux avantages à utiliser précocement les signes avec les enfants. Les bébés parlent plus tôt et ont un développement intellectuel plus rapide. Ils font également moins de caprices car ils peuvent exprimer plus facilement leurs besoins et gèrent mieux leurs frustrations. Enfin, ils traduisent mieux leurs émotions. Que de belles perspectives pour nos bouts de choux !
L’intérêt pour les expatriés aux États-Unis, c’est qu’en apprenant le signe américain au bébé tout en lui disant le mot en français, ça l’aide ensuite pour comprendre le mot anglais quand il voit des personnes qui utilisent ce même signe. Car vous l’avez sûrement compris, la langue des signes n’est pas universelle. Chaque pays possède la sienne. Ainsi, la LSF (Langue des Signes Française) diffère de l’ASL (son homologue américaine). On peut toutefois relever certaines similitudes.
Pour les expatriés dans d’autres pays, l'avantage c’est que le bébé développera plus rapidement la langue maternelle à la maison. Ainsi, on utilisera la langue des signes correspondante (ex : la LSF pour les francophones).
La méthode
L’idée est d’introduire dès l’âge de 6 mois des mots précis en contexte. L’enfant commencera à les restituer vers 9-10 mois. Il faut garder en tête que chaque bébé va à son rythme donc ce ne sont pas des âges figés.
On commence par les signes basiques qui serviront le plus à l’enfant :
- manger
- encore
- dormir
- boire
- fini
Puis on en rajoute progressivement :
- Papa
- Maman
- sucette
- doudou
- bain, etc...
Il est important de toujours associer le geste + le mot à l’oral + l’objet / la personne / la situation (ex : on signe /le lait/ en pointant le biberon tout en disant « le lait »).
Pour les expatriés, le site ou l’application Spreadthesign seront d’une grande utilité. Il s’agit d’un dictionnaire international des langues des signes (avec les vidéos de chaque signe). Sa version francophone est le populaire https://dico.elix-lsf.fr/
B.M
Orthophoniste diplômée
Son site : https://teleortho.jimdosite.com/