Que faire de ses émotions avec les changements que nous vivons actuellement ?

#emotions , #Coronavirus

Avec l’actualité du Covid 19 et tous les changements que cela génère (confinement, télé-travail, école à la maison, rapatriement), nous traversons tous une période d’émotions intenses… 

Quelles sont-elles ? A quoi servent-elles ? Peuvent-elles nous aider ? 

La réponse est OUI ! 
Alors comment nous appuyer sur ces émotions dans notre quotidien, comment en faire notre boussole ?

Tout d’abord, il est important de comprendre ce qu'elles sont, et l’approche simple de Paul D. MacLean (1913 – 2007) * popularisée à partir des années 60 est intéressante. Cette approche distingue trois aires dans le cerveau, chacune en charge de fonctions spécifiques pour le traitement de l’information et ordonnées par niveau de complexité : le cerveau reptilien, le cerveau limbique et le cortex. Il doit être précisé que cette approche a été révisée au fil des décennies avec les nouvelles données neuro-anatomiques soulignant que ces aires cérébrales ne fonctionnent bien sûr pas de manière indépendante et qu'elles ont de nombreuses connexions entre elles. 

Le cerveau reptilien, appelé aussi primaire, est le siège des instincts. Il assure les fonctions vitales de l’organisme et est responsable des conduites d’imitation, de réflexe, des tendances ou impulsions, des comportements routiniers… Il ne sait pas faire face aux situations nouvelles, aux changements.

Le cerveau limbique est le siège des émotions, des croyances et de la mémoire. Sa fonction consiste en la survie par l’adaptation à l’extérieur. Il est imperméable à toute logique, il n’analyse pas mais il est capable d’apprendre à partir d’expériences nouvelles qu’il classe en agréables ou désagréables. Il exerce une grande influence sur nos comportements.

Le cortex est le siège de la conscience et de l’intelligence (raisonnement et créativité). Il analyse l’information, anticipe, prend des décisions, conceptualise, résout des problèmes. Il ne connaît pas les émotions.


* Paul Donald MacLean (1913 – 2007) est un médecin et neurobiologiste américain qui a modélisé le cerveau humain avec la théorie du cerveau triunique dans les années 1950 – 1960.

Nos émotions naissent de nos relations avec l’extérieur, l’environnement et les autres. Elles nous donnent des informations précieuses sur notre interprétation d’une situation. Comment vivons nous notre relation à notre environnement et aux autres ? Notre relation est-elle agréable ou désagréable ?

Étymologiquement "émotion" provient de "e-movere" c'est-à-dire mouvement de soi vers l'extérieur pour mettre en dehors ce qui est dedans. Elles agissent comme un signal interne, valide, nécessaire et légitime.

Cependant, elles peuvent être disproportionnées ou limitantes si elles ne sont pas prises en compte par le cortex, c’est-à-dire si elles demeurent au niveau du cerveau limbique. En effet, quand elles sont négatives et ignorées, elles peuvent nous submerger, nous fatiguer, nous freiner dans notre vie ! Lee Greenberg** indique justement que « les émotions exposent les problèmes pour que la raison les résolve ». Quand elles sont considérées par le cortex, elles deviennent comme notre boussole interne, notre compagnon de voyage, notre guide.

Paul Ekman***, suite à une étude dans diverses cultures sur la reconnaissance d'émotions à partir d'expressions faciales, a conclu en 1971 que 6 émotions étaient reconnues partout : la joie, la tristesse, la colère, le dégoût, la peur et la surprise. Ces émotions sont biologiquement préprogrammées donc innées, rapidement déclenchées et de courte durée. Elles possèdent une expression faciale spécifique et ont des expressions universelles. Elles peuvent se mélanger, s’associer et même perdurer, se transformant alors en sentiments. Un sentiment perdure en l’absence de la situation.


**Les Greenberg est une psychologue canadienne née en 1945 est l’un des concepteurs et concepteurs principaux de la thérapie axée sur les
émotions pour les individus et les couples.

***Paul Ekman, né le 15 février 1934, est un psychologue américain et est professeur de psychologie à l'Université des sciences médicales en Californie. Il fut l'un des pionniers dans l'étude des émotions dans leurs relations aux expressions faciales...


Comment alors concrètement s’appuyer sur nos émotions en 3 étapes ?


Etape 1 : Conscientisons et identifions nos émotions

Cette première étape permet de faire basculer dans le cortex nos émotions, signaux non-réfléchis qui font partie de notre intuition en ajoutant notre conscience et notre intelligence aux ressentis. Être conscient et identifier l’émotion ressentie permet d’obtenir plus d’informations pour la gérer, pour agir en conséquence. Ce travail permet d’ajouter aux ressentis, la pensée, puis à la pensée s'ajoutera l'acte… 

Comment ?

  • Tout d’abord, écoutons et établissons la liste de nos sensations physiques (maux de ventre, rythme cardiaque accéléré, etc) ou de nos comportements (agacement, nervosité, sommeil difficile, etc).

  • Puis, regroupons-les au sein des 6 émotions de base d’ Ekman pour les clarifier et les identifier : la peur, la joie, la tristesse, la colère, le dégoût, la surprise.

  • Ensuite, parmi ces 6 émotions, notons celle qui prend trop de place, celle qui nous empêche d’avancer et donc nous limite.

Exemple :

« Je me sens brassée au niveau du ventre, j’ai un nœud dans la poitrine, mon rythme cardiaque s’accélère, je suis agité(e), je me lève, me rassied, et je m’énerve sur le premier qui vient me déranger dans mon bureau…! ».

On distingue dans cet exemple un mélange de peur et de colère, émotions désagréables limitantes et qui peuvent nous enliser dans une spirale infernale. Quand cette spirale s'enclenche, empêchant le cortex de s’affirmer, la « pause cortico-thalamique » peut alors être utile. Elle consiste à s’arrêter un instant en respirant profondément et en rejetant l'air de nos poumons en pensant fortement à ce que nous faisons à ce même instant. Cela permet de redonner un rôle au cortex sur notre cerveau limbique, nos émotions. 


Etape 2 : Acceptons nos émotions


Il est nécessaire d'accepter nos émotions pour pouvoir ensuite agir et s’appuyer sur elles. Les accepter consiste à les tolérer c’est-à-dire les ressentir, les écouter et non pas les bloquer ou les augmenter. Les émotions sont légitimes, et les exprimer c'est tout simplement se reconnaître en tant qu'être vivant. "Je ressens donc je suis" pourrait être la "formule magique" de ce travail. Elles sont aussi nécessaires, elles nous protègent comme un bouclier, et grâce à elles nous nous mettrons en action pour nous adapter à l’extérieur.

Comment ?

Pour cela, évaluons notre émotion.

Indiquer le niveau de notre émotion sur une échelle de 1 à 10 peut aider dans ce travail ainsi que l’identification d’un objectif à atteindre sur cette échelle.

Exemple :

« Je reconnais que je suis en colère, que j’ai peur… je suis à 8/10 sur l’échelle de la colère, de la peur… je souhaite être à 5 ». 


Etape 3 : Agissons avec nos émotions


Une fois l’émotion conscientisée, identifiée et acceptée, la dernière étape consiste à recréer une zone de confort, une nouvelle zone où nous serons à nouveau maître de nos choix pour ne pas subir la situation.

Comment ?

  • Connectons-nous à nos valeurs et à nos besoins: « Qu’est-ce qui est essentiel pour moi aujourd’hui ? Qu’est-ce que je dois protéger aujourd’hui, maintenant ? », « De quoi ai-je besoin ? Qu’est-ce qui est prioritaire ? »

  • Projetons-nous dans quelques mois: « Qu’est-ce que nous aurons aimé avoir réalisé, accompli ? »

  • Nous pouvons aussi rechercher un modèle, autour de nous ou dans notre imaginaire: « Quelle personne aimerions-nous être dans cette situation ?»

Dans cette étape, il est nécessaire d’être patient, avoir l’image des petits pas pour atteindre son objectif avec des étapes intermédiaires est indispensable.

Exemple :

« Le plus important pour moi, aujourd’hui, est de préserver l’équilibre de ma famille tout en m’octroyant des moments pour moi. Afin de réaliser cela, la solution identifiée est de trouver des moyens, des idées, conjointement en famille ! L’union fait la force ! »

Ainsi, un horizon de solutions s’ouvre, de nouvelles idées émergent ! Dans notre exemple, il s’agit de programmer un rendez-vous avec tous les membres de la famille, petits et grands, afin d’identifier ensemble les moyens qui permettront de maintenir un équilibre pour soi.

 

Toute sortie de notre zone de confort est une occasion unique pour nous développer, pour mettre à jour nos talents ignorés, révéler notre potentiel, nous réinventer. Les émotions, quand elles sont conscientisées, identifiées et acceptées, sont une boussole qui nous permet d' avancer en ouvrant de nouveaux horizons et en révélant des faces ignorées de notre personnalité.

 

Un accompagnement par le coaching peut également faciliter le déroulement de ces étapes.

Prenez soin de vous et de vos proches !

 

Article écrit pour Expats Parents par Béatrice Thibault-Beauregard
Coach Professionnelle Certifiée
Son site : https://shapeupconsulting.wixsite.com/dakar