Nombreux sont les parents qui veulent attendre le dernier moment
pour annoncer la nouvelle du changement aux enfants pensant
ainsi les préserver. Or, il faut garder à l’esprit que cette décision est
rarement (sinon jamais) celle des enfants. La plupart du temps, notamment
si les enfants sont jeunes, les parents décident d’accepter
une expatriation avant d’en parler à leurs enfants. Ces derniers, s’ils
sont plus âgés, seront consultés dans le meilleur des cas. Ils vont être
acteurs d’un bouleversement profond mais très rarement décideurs.
Attendre le dernier moment, loin de les préserver, les empêche
de se préparer émotionnellement, psychologiquement et même physiquement
au bouleversement. Quel que soit leur âge, ils auront besoin
de temps pour « digérer » la nouvelle, l’accepter et s’organiser.
Les laisser dans l’incertitude trop longtemps peut les amener au refus
du changement et au blocage, se sentant pris au piège d’une situation
qu’ils ne maîtrisent pas.
D’autant plus que, tous les parents expatriés l’admettent, de nombreux
signes, de nombreuses tensions et non-dits font que les enfants
savent inconsciemment que quelque chose se prépare. Ne rien leur dire
peut détériorer les relations de confiance, or la confiance sera à la base
d’une adaptation réussie. Elle devra s’installer lors des différentes phases
de la transition et durant les premiers mois de la nouvelle vie.
Sans pour autant impliquer les enfants dans le processus de prise
de décision – surtout qu’il est constitué de plusieurs étapes parfois difficilement
compréhensibles pour les plus jeunes – il est important de
les informer dès que la décision est prise et dès lors qu’elle est validée.
Une période de trois mois avant le départ est un bon compromis : cette
durée permet de laisser le temps à l’adaptation psychologique et permet
d’engager la phase de préparation.
Il est essentiel de leur faire part de la nouvelle lorsqu’ils peuvent
en parler autour d’eux. Un tel bouleversement à venir génère toujours
des questionnements et des angoisses chez les enfants comme chez les
adultes. Leur demander de garder le secret serait leur attribuer une
lourde responsabilité qui s’ajouterait au stress de départ. Une expatriation
chamboule une vie : il faut leur donner l’autorisation d’en parler
au moins à une personne et à leur entourage immédiat si possible.
Ne pas hésiter à formuler l’annonce de façon un peu formelle.
Cela montre à quel point nous sommes conscients des enjeux et des
défis que cela représente pour eux. Un repas au restaurant, un repas à
la maison mais particulièrement soigné : il est important que la forme
de cette annonce soit à la hauteur de sa nature. Rien de pire que d’annoncer
que l’on part dans un mois pour l’autre bout du monde à la vavite,
entre deux portes ou dans un lieu public. Le pire étant certainement
d’annoncer la nouvelle du départ à ses enfants lors d’une réunion
amicale ou familiale, ou de le leur annoncer en même temps qu’à
d’autres personnes. Une annonce mal présentée peut laisser un mauvais
souvenir et augurer d’un mauvais départ.
Enfin, les réactions lors de l’annonce peuvent être très différentes
les unes des autres, diverses selon les enfants. Il ne faut jamais oublier
qu’au moment où vous annoncez un futur départ à vos enfants, vous
avez déjà suivi un cheminement qui vous a amené à prendre cette décision.
Pour eux, si « enrobée » que soit l’annonce, elle tombe comme
un couperet. Laissez leur donc du temps pour assimiler la nouvelle et
accueillez toutes leurs réactions avec bienveillance.
Cécile Gylbert , "Les enfants expatriés, Enfants de la Troisième Culture"