Annoncer le départ aux enfants

#enfant , #psychologie

Nombreux sont les parents qui veulent attendre le dernier moment

pour annoncer la nouvelle du changement aux enfants pensant

ainsi les préserver. Or, il faut garder à l’esprit que cette décision est

rarement (sinon jamais) celle des enfants. La plupart du temps, notamment

si les enfants sont jeunes, les parents décident d’accepter

une expatriation avant d’en parler à leurs enfants. Ces derniers, s’ils

sont plus âgés, seront consultés dans le meilleur des cas. Ils vont être

acteurs d’un bouleversement profond mais très rarement décideurs.

Attendre le dernier moment, loin de les préserver, les empêche

de se préparer émotionnellement, psychologiquement et même physiquement

au bouleversement. Quel que soit leur âge, ils auront besoin

de temps pour « digérer » la nouvelle, l’accepter et s’organiser.

Les laisser dans l’incertitude trop longtemps peut les amener au refus

du changement et au blocage, se sentant pris au piège d’une situation

qu’ils ne maîtrisent pas.

D’autant plus que, tous les parents expatriés l’admettent, de nombreux

signes, de nombreuses tensions et non-dits font que les enfants

savent inconsciemment que quelque chose se prépare. Ne rien leur dire

peut détériorer les relations de confiance, or la confiance sera à la base

d’une adaptation réussie. Elle devra s’installer lors des différentes phases

de la transition et durant les premiers mois de la nouvelle vie.

Sans pour autant impliquer les enfants dans le processus de prise

de décision – surtout qu’il est constitué de plusieurs étapes parfois difficilement

compréhensibles pour les plus jeunes – il est important de

les informer dès que la décision est prise et dès lors qu’elle est validée.

Une période de trois mois avant le départ est un bon compromis : cette

durée permet de laisser le temps à l’adaptation psychologique et permet

d’engager la phase de préparation.

Il est essentiel de leur faire part de la nouvelle lorsqu’ils peuvent

en parler autour d’eux. Un tel bouleversement à venir génère toujours

des questionnements et des angoisses chez les enfants comme chez les

adultes. Leur demander de garder le secret serait leur attribuer une

lourde responsabilité qui s’ajouterait au stress de départ. Une expatriation

chamboule une vie : il faut leur donner l’autorisation d’en parler

au moins à une personne et à leur entourage immédiat si possible.

Ne pas hésiter à formuler l’annonce de façon un peu formelle.

Cela montre à quel point nous sommes conscients des enjeux et des

défis que cela représente pour eux. Un repas au restaurant, un repas à

la maison mais particulièrement soigné : il est important que la forme

de cette annonce soit à la hauteur de sa nature. Rien de pire que d’annoncer

que l’on part dans un mois pour l’autre bout du monde à la vavite,

entre deux portes ou dans un lieu public. Le pire étant certainement

d’annoncer la nouvelle du départ à ses enfants lors d’une réunion

amicale ou familiale, ou de le leur annoncer en même temps qu’à

d’autres personnes. Une annonce mal présentée peut laisser un mauvais

souvenir et augurer d’un mauvais départ.

Enfin, les réactions lors de l’annonce peuvent être très différentes

les unes des autres, diverses selon les enfants. Il ne faut jamais oublier

qu’au moment où vous annoncez un futur départ à vos enfants, vous

avez déjà suivi un cheminement qui vous a amené à prendre cette décision.

Pour eux, si « enrobée » que soit l’annonce, elle tombe comme

un couperet. Laissez leur donc du temps pour assimiler la nouvelle et

accueillez toutes leurs réactions avec bienveillance.


Cécile Gylbert , "Les enfants expatriés, Enfants de la Troisième Culture"

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