Soyons très clair, cet article naît parce que j’ai un sale caractère 😉 ou plus précisément parce que je déteste les clichés, les idées reçues, être mise dans une case !
Du coup quand je suis avec des français non expats qui voient la vie d’expat avec tous les clichés classiques, je suis un peu hérissée … mais quand j’entends que l’expatriation ne fait que nous améliorer et nous rend nous les expats « meilleurs », je me demande si c’est vraiment vrai aussi.
Entendons-nous bien, je suis persuadée que l’expatriation apporte plein de choses et qu’il faut prendre conscience de nos forces. J’accompagne notamment les conjoints suiveurs sur ce chemin donc je ne vais pas le dénigrer mais j’ai l’esprit de contradiction je vous ai dit !
J’ai donc eu envie de m’attaquer à quelques clichés sur la vie d’expats ! Je vous passe le fait qu’on vit tranquille au bord de la piscine à siroter des cocktails tandis que notre petit personnel gère la bouffe et le ménage et que donc on ne devrait pas être trop fatigué…
J’avais plutôt envie de parler de ce qui est censé changer quand on devient expat, en mieux bien sûr !
1. En expatriation on devient plus sociable
Oui, alors forcément vous quittez la France avec votre groupe d’amis et votre famille et vous arrivez dans un pays où vous ne connaissez à peu près personne.
Votre conjoint en principe file bosser et va avoir à défaut d’une vie sociale, une vie professionnelle avec des contacts et vous … nada.
Sur ce point, les réseaux sociaux et of course EXPATS PARENTS ont quand même bien changé la donne en nous permettant d’avoir des contacts avant de partir. Et c’est vraiment un conseil : ayez un point d’attache en arrivant pour le 1er café !
Donc au mieux vous avez contacté une ou deux personnes avant, mais c’est à peu près tout … Et comme vous n’allez pas non plus les coller tout le temps, vous allez devoir aller à des coffee morning, dire bonjour à des gens inconnus, parler à des mamans (et même des papas !) à la sortie d’école, …
Bref effectivement pour « survivre » en expat, on apprend à prendre sur soi de nos habitudes françaises et à aller vers les autres beaucoup plus vite. Parce que si on ne le fait pas, on peut rester 3 ans chez soi sans voir personne et qu’évidemment pour le moral ça ne va pas être top. Donc on va à tout un tas de fêtes aussi, à des sorties, des playgroup….
Mais …
Alors on peut vraiment garder ça comme qualité. Et cela peut d’ailleurs faire bizarre au retour en France parce que vous allez voir tout le monde et les mamans françaises à la sortie d’école n’ont pas trop l’habitude 😉 Cela me fait aussi penser à mon fils qui avait pris l’habitude de se rapprocher de tous les petits frenchies quand on vivait aux Pays Bas … au retour en France, on a dû lui expliquer qu’ici tout le monde parlait français ! Tous copains quoi !
Et il est où mon mais alors ? Et bien quand on fait plusieurs expats, on reste sociable mais on peut aussi devenir « efficace ». Certains vont peut-être crier au scandale ici ! Pour les serials expats, quand on repart tous les 3 ans, il devient un peu plus dur de se faire plein de vrais amis et de repartir, et de recommencer en déployant les mêmes efforts. Alors on peut justement faire un peu moins d’effort en ayant un peu moins envie, rester un peu plus dans son coin pour avoir peut-être moins de vie sociale, moins d’échanges mais plus proches de ce que nous sommes. On peut « filtrer » en quelque sorte.
Bilan : un vrai soft skill à mettre en avant, même si tout le monde n’est pas devenu un vendeur né et n’aime pas le faire mais aussi au fond de soi parfois une certaine lassitude…
2. En expatriation, on devient plus tolérant
Clairement l’expatriation, nous apprend à voir d’autres manières de vivre, d’autres cultures. Ça nous donne l’occasion de voir que tout le monde ne fait pas comme nous, ne pense pas comme nous. C’est une des choses hypers positives aussi dans l’éducation des enfants, et qu’on aime bien dire aussi dans les points positifs de l’expatriation : tu vois je lui ouvre l’esprit !
Mais...
le français est quand même râleur 😉 Pas vous bien sûr, pas moi non plus (moi j’ai juste l’esprit de contradiction !).
Alors on découvre au départ les choses différentes en rigolant, on le raconte à nos copains, à nos familles, ça nous amuse… Mais quand même, il y a des choses qui continuent à nous agacer ! L’expat n’est pas non plus Gandhi !
Alors tout n’agace pas tout le monde pareil, c’est la richesse de la chose. Mais la pluie m’a quand même bien énervée aux Pays-Bas pour ceux qui ne le savent pas. Le manque de respect des horaires au Moyen-Orient peut rendre fou certaines personnes alors que d’autres vont s’en accommoder. Ici encore pas de généralités, mais selon votre personnalité de base, il y a des choses que vous allez avoir du mal à vivre !
Bilan : je dirais que ça rend plus ouvert à la différence. Plus tolérant : c’est à voir !!
3. En expatriation on ressert les liens familiaux
Oulala sujet compliqué ! Pour moi partir en expat pour resserrer les liens, c’est comme faire un enfant quand le couple va mal … ce n’est pas forcément la meilleure idée du siècle.
L’expatriation n’est pas uniquement un long fleuve tranquille, un peu effectivement comme une naissance il y a de nombreux changements de rythme, de places de chacun qui bougent et peuvent créer des tiraillements au début surtout.
Vous pouvez vous sentir seule par moment, le nouveau job de votre conjoint peut être difficile, prenant, vos enfants peuvent avoir des coups de mou…
Mais...
et celui-ci est à l’envers ! Quand les choses roulent ensuite (pendant parfois plusieurs semaines d’affilée tout le monde peut se sentir bien !!) effectivement votre cocon se ressert parce que vous traversez cela ensemble, parce que vous passez plus de temps ensemble, parce que vous avez moins de sollicitations extérieures (pas toujours !) … Plus loin de vos familles c’est parfois l’occasion de vraiment couper le cordon et de sentir qu’on devient une famille nous !
Bilan : si on survit aux premiers mois comme pour un bébé, oui ça rend plus fort ! (C’est gai n’est-ce pas !)
4. En expatriation on grandit plus vite
Pour les adultes, l’expatriation permet souvent d’apprendre à mieux se connaître. Parce que vous sortez de votre « train train » où vous n’avez pas forcément besoin de vous questionner. Et que l’arrêt d’un quotidien boulot / enfants (quand il y en a) / amis fait se poser des questions.
Pour le conjoint suiveur l’arrêt du boulot peut être compliqué, mais aussi l’occasion (et je le vois souvent) de se demander si ce qu’on faisait nous plaisait vraiment, ou si on ne serait pas tenté de faire autre chose.
Ça peut être l’occasion aussi de comprendre qu’on peut faire les choses seul(e) sans sa famille ou ses amis derrière.
Pour les enfants, les choses sont tellement différentes selon les âges et les personnalités que j’aurais vraiment du mal à tirer une conclusion. Quand ils sont tout petits, j’aurais tendance à dire qu’ils ne savent pas forcément qu’ils ne vivent pas quelque chose comme tout le monde. Ensuite cela les pousse à se poser des questions, à voir que tout n’est pas pareil partout.
Mais …
Je pense vraiment qu’on grandit plus vite. Je n’ai qu’un seul mais, … qui pourrait être « à quel prix ». Oui c’est un peu alarmiste mais cela est vraiment pour vous dire que parfois c’est douloureux pour les grands comme pour les petits. Et qu’il faut donc toujours avoir en tête que ça peut arriver et qu’il y a des gens pour vous aider à traverser cela dont des psys (en ligne) spécialisés de l’expatriation.
Bilan : on change, on évolue, et si on sent que ça se fait avec des difficultés, on peut se faire aider (et nos enfants aussi car ils peuvent s’adapter mais peuvent aussi souffrir.)
5. En expatriation on devient bilingue voire plus
Alors là vraiment c’est la blague ! Certains ont appris milles langues quand je côtoie des gens qui ne parlent pas anglais … Donc gardons-nous bien de tirer des conclusions ! En expat comme ailleurs il y a des gens doués et attirés par les langues et d’autres pas !
Vous parlez vraiment tous les langues de tous les pays où vous êtes allés ?
J’ai appris le néerlandais, mais ici je ne me suis pas mise à l’arabe parce que je suis vraiment peu en contact avec la population. Dans mon compound nous parlons en anglais donc oui j’améliore mon anglais (mais pas mon accent !!).
Conclusion :
comme dirait zézette épouse X, ça dépend ça dépasse… et personnellement comme vous l’aurez compris ça me va bien comme ça !
et j’ai hâte de lire votre vécu, vos avis pour encore nuancer tout cela.
Article écrit pour Expats Parents par Annaïck Haulle
Site professionnel (accompagnement professionnel) : https://www.ah-accompagnement.com
Du même auteur : "L'expatriation idéale", "Le retour en France"
Sur un sujet proche , d'Emilie Proust : "Abécédaire des idées reçues sur l'expatriation "