Comment bien gérer les périodes de changements en expatriation

En expatriation, lorsque vous apprenez que vous allez bientôt quitter le pays dans lequel vous résidez, votre premier réflexe est probablement de vous engouffrer dans la logistique et l’administratif liés à ce déménagement. C’est bien sûr nécessaire, mais ce n’est pas suffisant, parce vous prenez le risque de perdre de vue l’essentiel.


Que ce soit pour un retour dans votre pays d’origine, une première ou énième expatriation, changer de pays a des implications personnelles, professionnelles, familiales… et chamboule aussi pas mal de choses en vous.

C’est ce que je vis en ce moment. Nous savons que nous allons quitter les États-Unis dans quelques mois pour nous installer en Jordanie. En tant que multi-expatriée depuis 25 ans, je suis habituée à ces changements et surtout très excitée à l’idée de vivre une nouvelle aventure. Pourtant, cela ne m’empêche pas de faire face aux nombreux défis provoqués par ce gros changement. Sans compter que, bien que je travaille à mon compte, je garde ce statut de conjointe expatriée qui suit son mari dans sa nouvelle destination, avec ce que cela implique comme défis particuliers : dégager du temps pour l’organisation du déménagement, accompagner mes enfants dans cette transition particulière, tout en déplaçant mon activité professionnelle dans un nouveau pays. La liste des choses à faire est longue. Ce changement génère une importante charge mentale, même si mon conjoint m’épaule au mieux, je reste le pivot principal sur lequel repose le bon déroulement de cette étape.

En chemin, j’ai appris que pour bien vivre ces périodes de transition, il est nécessaire de rester aux commandes des circonstances extérieures, plutôt que les subir. Comme le dit Sénèque : « La vie n’est pas d’attendre que les orages passent, c’est d’apprendre à danser sous la pluie. » Pour apprendre à danser sous la pluie, je vous propose quelques astuces qui vous aideront à vous poser les bonnes questions.

 

Identifier ce qui compte le plus à vos yeux

La première astuce est d’identifier quelle est votre priorité numéro 1 pour cette période de transition. J’aime beaucoup cette citation de Suzuki Roshi qui nous ramène à l’essentiel : « La chose la plus importante, c’est de se rappeler le plus important »

Prenez tout simplement le temps de clarifier quelle est votre priorité numéro 1. Quel est votre objectif ultime ? Sur quoi est-ce que vous souhaitez avoir un réel impact positif ?

 

Revisiter vos attentes et celles des autres

La seconde astuce est de revisiter vos attentes, parce qu’elles auront un important impact sur votre manière d’expérimenter ces changements.

Est-ce que vous avez pour ambition que tout soit géré à la perfection ? Quelle est la place que vous donnez à vos « il faut, je dois, on attend de moi… » ? Est-ce que vous acceptez l’idée de lâcher prise sur certains aspects ? Tant que vous essayez de tout gérer, vous prenez le risque d’être sans cesse frustré et insatisfait… parce qu’au fond, il est impossible d’être sur tous les fronts.

Pour mieux vivre cette période, il est préférable de vous fixer des attentes réalistes, d’accepter que tout ne sera pas parfait, de déléguer certaines tâches, de laisser tomber certaines choses ou de les repousser à plus tard. Une fois que vous aurez révisé vos attentes, vous ressentirez probablement un vrai soulagement, moins de stress et plus de plaisir. 

En plus de vos attentes, il y aussi celles de votre entourage : ceux qui restent et stressent de vous voir partir, voulant à tout prix créer de multiples opportunités d’être ensemble ou ceux qui oublient vos circonstances actuelles, qui voudraient que rien ne change et que vous soyez toujours aussi disponible. Est-ce que leurs attentes sont compatibles avec vos priorités ?

En revisitant vos attentes et en évitant d’être tributaire des attentes des autres, vous pourrez vous concentrer sur l’essentiel.

 

Faire des choix

Pour vous aider à réviser vos attentes, vous allez devoir faire des choix. Faire des choix est parfois difficile, pourtant c’est essentiel pour mieux gérer cette période intense.

Vos choix, assumés, vous permettront de dire « non » à ce qui est moins important, sans regret, ni sentiment de culpabilité. Par ailleurs vos « non » signifient que vous pourrez dire « oui » à d’autres choses, à ce qui compte le plus à vos yeux. Ce sont ces choix aussi qui vous aident à faire taire vos « Il faut, je dois, on attend de moi… ». Vous les remplacerez plutôt par des : « Je choisis de… parce que… ».

 

Clarifier vos envies et besoins

Pour vous aider à faire des choix, vous pouvez prendre le temps de vous poser les questions suivantes : De quoi ai-je envie ? De quoi ai-je besoin ? Et en tant que parent, il est aussi souvent nécessaire de vous demander : De quoi mes enfants ont envie ? De quoi ont-ils besoin ?

Les réponses à ces questions vont vous permettre de prendre des décisions qui n’incluent pas seulement les aspects logistiques et les demandes ou pressions extérieures, elles tiendront aussi compte de vos propres envies et besoins, et de celles de vos enfants.

C’est ce qui vous permet de créer des opportunités pour recharger vos batteries et prendre soin de vous, avec pour résultat bien plus d’efficacité. C’est aussi ce qui vous aide à vous assurer que vos enfants puissent vivre cette phase de transition dans les meilleures conditions et dans le respect de leurs propres envies et besoins. Selon leurs âges, ce sont des questions que vous pouvez directement aborder avec eux.


Prendre du recul

Pour clarifier ce qui est important à vos yeux il existe une astuce sympa : celle de vous projeter à plus long terme, au-delà du déménagement et des premiers mois dans votre nouveau pays.

En vous concentrant uniquement sur le changement, vous gardez la tête dans le guidon. Pour prendre le recul nécessaire, vous pouvez vous amuser à visualiser ce que vous voulez atteindre dans trois ou cinq ans. A quoi voulez-vous que ressemblent idéalement votre vie, votre travail, vos loisirs, vos enfants dans trois ou cinq ans ? Et de là, quel chemin allez-vous emprunter pour atteindre cette vision à long-terme ?

Ça peut sembler bizarre de se projeter si loin, pourtant c’est vraiment utile. Cette vision vous aide non seulement à déceler ce qui est important à vos yeux aujourd’hui ; mais aussi à relâcher la pression, parce qu’en prenant du recul vous allez pouvoir identifier ce qui doit être traité en priorité et ce qui peut attendre. Elle vous offre un cap tout en vous vous permettant de réaliser que vous avez du temps pour atteindre certains de vos buts… dans l’intervalle, ce qui compte, c’est de gérer cette transition en vous concentrant sur l’essentiel.

Dans le même ordre d’idée, vous pouvez vous demander ce que vous penserez de cette transition le jour de vos 90 ans. Qu’est-ce qui aura le plus compté à vos yeux pendant cette période particulière ? De quoi voulez-vous être fier ? Dans quoi voulez-vous avoir investi votre énergie ?

 

Profiter du présent

Le danger d’un changement de pays, c’est que dès que vous êtes informé de votre future destination, si physiquement vous êtes encore là, mentalement, vous êtes déjà là-bas : votre esprit se projette sans cesse dans le futur ! Au mieux vous êtes constamment dans la planification et au pire celle-ci s’accompagne d’inquiétudes et d’anxiété.  

Pour offrir une pause à votre cerveau et alléger cette charge mentale, il est primordial de vous assurer de profiter autant que possible du présent. Cela demande souvent un effort conscient.

Vous pouvez par exemple être plus attentif à vos pensées, et de là, les ramener au présent dès que c’est nécessaire. Cela ne veut pas dire que vous n’allez rien planifier, cela signifie simplement qu’il y a des moments pendant lesquels vous vous attelez à la planification, l’organisation, la prise de renseignements ; mais il y a aussi tous ces autres moments, où votre rôle est de rester dans le présent : apprécier chaque instant pour ce qu’il est, sans vous dire que c’est bientôt fini, sans déjà commencer à appréhender les au-revoir, sans penser à toutes ces choses à faire. Vous n’avez aucune emprise sur le futur ; par contre vous en avez sur le présent. Alors autant vous assurer d’apprécier et savourer ce que vous vivez en ce moment.

Vous pouvez vous amuser à penser à vos pensées ! Par exemple, dans votre quotidien, que ce soit sous la douche, en route pour votre rendez-vous, en faisant la cuisine, en parlant avec un ami, en jouant avec vos enfants, demandez-vous régulièrement : Est-ce que je suis là ou est-ce que mes pensées sont ailleurs ? Si vous êtes absent, revenez dans le présent. Vous vous offrez ainsi l’opportunité de vous reconnecter avec vous-même, d’être présent pour votre entourage et d’apprécier ces moments.

 

Conclusion

Personnellement, j’ai dû prendre des décisions importantes et repousser certains projets qui me tiennent vraiment à cœur. Le fait que j’ai su identifier ce qui était essentiel à mes yeux, que ces choix sont assumés, que j’ai pu les mettre en perspective, qu’ils s’accordent avec mes besoins, envies et attentes… tout cela m’aide aujourd’hui à vivre cette période avec beaucoup plus de sérénité.

Toutes les astuces mentionnées mènent à la même et unique conclusion : pour apprendre à danser sous la pluie plutôt que de subir les orages provoqués par les changements extérieurs, il est nécessaire, en priorité, de prendre soin de vous… Et vous pouvez le faire grâce aux quelques astuces mentionnées plus haut, qui demandent surtout une introspection, suivie d’une affirmation claire et nette de ce qui est vraiment essentiel à vos yeux.


Ecrit pour Expats Parents par Nancy Bonamy, Coach et blogueuse, Formations & Coaching
Son site : https://www.nancybonamy.com/

Si vous êtes à la recherche de pistes supplémentaires pour bien gérer ces phases de transition, vous pouvez télécharger son e-book gratuit : « Expatriation : 10 pistes pour réussir vos transitions de vie et de carrière »