La diversification alimentaire

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Voici un sujet très simple mais rendu complexe par la multitude d’informations selon les cultures, le pays dans lequel vous vous trouvez et même parfois selon les pédiatres d’un même pays. Les conseils sont donc bien souvent très différents, voir même carrément contradictoires. En expatriation, loin de nos repères culturels, les questions sont encore plus nombreuses. Comment donc aborder la diversification alimentaire avec votre bébé dans votre pays d’adoption ? Je vous propose de faire le point avec cet article.


Tout d’abord, c’est quoi la diversification alimentaire ?

Je préfère l’appeler « la découverte alimentaire » de l’enfant car il s’agit bien d’une découverte et non d’une diversification. C’est la période durant laquelle l’enfant va découvrir les aliments sous différentes formes (cuit, cru, chaud, froid, en morceaux, en compote…) avec ses 4 sens (toucher, voir, sentir, goûter). Selon des études, le cerveau de l’enfant doit pouvoir goûter un aliment une vingtaine de fois avant de pouvoir s’en souvenir et l’apprécier !


Quand commencer la « découverte alimentaire » ?

Tout d’abord, rappelons que l’OMS recommande allaitement exclusif jusqu’à l’âge de 6 mois. Pourquoi du lait jusque 6 mois ? Il faut savoir que les bébés naissent avec un larynx situé très haut qui les protège des fausses déglutitions par l’obstruction de l’arrière de la cavité buccale. Seules les petites gouttes de lait peuvent passer. Ce n’est à partir de 6 à 8 mois environ que le larynx va commencer à descendre lentement permettant ainsi au bébé de pouvoir accepter un bolus alimentaire plus grand et plus consistant que le lait. C’est également vers cet âge que le bébé pourra entraîner les aliments vers l’arrière pour les avaler et qu’apparaissent les premiers mouvements de mastication réflexe.

A partir de 6 mois, le bébé pourra attraper la nourriture par lui-même pour la mettre dans sa bouche à son rythme. A cet âge, le bébé étant plus tonique, son maintien (presque) assis, lui permettra de mastiquer les aliments plus solides et de mieux les déglutir.

C’est aussi entre 6 et 12 mois que les besoins en vitamines et minéraux du bébé augmentent graduellement. Cela ne veut pas dire que votre bébé doit subitement avaler des quantités énormes de panade dès 6 mois. Pas d’urgence. La découverte alimentaire se fait en douceur ou plus ou moins rapidement selon votre bébé.

En fait pour le bon développement de son cerveau l’aliment principal des enfants jusqu’à l’âge de 1 an devrait rester le lait (maternel idéalement ou en poudre) car le besoin principal du bébé est d’avoir de la graisse sous forme d’acide gras non saturé. Et ce n’est ni dans les fruits, ni dans les légumes qu’il en trouvera.


Quel lien entre «découverte alimentaire » et risques d’allergies alimentaires?

Les études montrent qu’il est préférable de ne pas retarder la découverte alimentaire chez les enfants à terrain allergique. L’idéal pour ces enfants sensibles est de continuer à donner le lait maternel jusqu’à au moins un an (ou plus si possible) et d’introduire les aliments potentiellement allergènes tout en continuant l’allaitement. Il est prouvé que ce duo est le meilleur moyen de protéger ces enfants contre le risque de réaction allergique.


Par quel aliment commencer ?

Sachez qu’il n’y a aucune étude scientifique qui prouve qu’il faut commencer par les carottes, ou par la pomme ou par autre chose. Imaginez qu’il faille des études pour chaque aliment à 6 mois, 7 mois, etc. : cela serait beaucoup trop fastidieux. Voici donc ce que l’on peut raisonnablement conseiller :

Premièrement, commencez par les compotes de fruits et de légumes (chaude ou froide, en petit morceaux mous). Testez les fruits et les légumes un à un, chacun 2 à 3 jours afin de repérer une potentielle réaction allergique (diarrhée, sang dans les selles, rash cutané).

Une fois plusieurs fruits-légumes testés, vous pouvez aisément les mixer ensemble. Votre enfant trouvera cela délicieux (meilleur que le goût fade du mélange courgette-pomme de terre).

Certains conseillent de commencer par les légumes à cause du goût plus sucré des fruits qui leur feraient refuser les légumes après (car plus amers). En ce qui me concerne, je n’ai encore trouvé aucune étude démontrant cela, et je conseille plutôt de commencer par des fruits et des légumes appétissants et sucrés (carotte, navet, pomme, poire, betterave, avocat, banane…)

Une fois les légumes et les fruits découverts et appréciés par l’enfant, vous pouvez enchaîner avec la viande blanche non grasse (poulet-dinde) ainsi que les féculents vers 7-8 mois. Donnez- lui un morceau équivalent en taille de la paume de sa main. Et enfin, terminez vers 9 à 12 mois avec le poisson, les œufs et le gluten.


Faut-il peser les aliments ?

Non. Faites confiance à votre enfant. Les enfants de cet âge sont capables de réguler par eux-mêmes la quantité de nourriture dont ils ont exactement besoin. Le pédiatre colombien, Carlos Gonzales va même plus loin en disant que le jeune enfant est capable de choisir la nourriture dont il a exactement besoin en fonction de ses besoins et de ses carences du moment (pour autant bien sûr que vous lui proposiez des aliments sains uniquement).


Enfin voici quelques petits conseils pratiques :

> Préférez des aliments bios non transformés. On sait que les jeunes enfants absorbent plus les produits toxiques.

> Utilisez votre cuit-vapeur pour garder les vitamines et les minéraux de chaque aliment, plutôt que de les bouillir

> N’ajoutez ni sel, ni sucre raffiné dans les préparations de votre bébé.

> Ajoutez dans chaque préparation une bonne cuillère d’huile d’olive, de colza ou de lin (non raffinée, première pression à froid) pour un apport supplémentaire d’acide gras non saturés. Privilégiez les fruits et les légumes dits gras (banane, avocats, patate douce, betterave, …).

> Et enfin, n’hésitez pas à cuisinez des grandes portions de soupe ou de compote pour en congeler une partie dans votre congélateur.


La diversification alimentaire à l’étranger

Selon votre pays d’accueil, vous pouvez donc utiliser les fruits et les légumes que vous trouvez au marché local. Il n’est pas toujours nécessaire de courir à l’autre bout de la ville pour absolument trouver de la courgette ou de la poire. Vous apprendrez surement des choses intéressantes via la culture dans laquelle vous vous trouvez. Restez ouvert aux habitudes différentes que nous avons tout en faisant la part des choses. Bonne découverte alimentaire !


Ecrit pour Expats Parents par Caroline de Ville, médecin généraliste, conseillère en allaitement IBCLC et éducatrice en HypnoNaissance. Elle propose des accompagnements en français en ligne pour tous les expatriés francophones partout dans le monde. Son site : "Au sein en douceur"

Ressource : "Mon enfant ne mange pas, Comment prévenir et résoudre le problème", Dr Carlos Gonzalez