Médiation familiale et expatriation

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Communication familiale : impact sur les enfants

Sur le groupe Facebook Expats Parents sont publiés de nombreux messages relatifs aux difficultés d’adaptation que chaque membre d’une famille nouvellement arrivé dans un pays est susceptible de rencontrer

Toute difficulté est source de tensions et d’émotions propres à chacun, qui vont avoir un impact sur la disponibilité de chacun et la communication familiale.

Cela se gère « bon an mal an ». Parfois cela se termine par des disputes.

Quand en médiation on demande aux enfants, adolescents et jeunes adultes d’écrire tout ce qu’ils aimeraient dire à leurs parents qui se disputent, ils écrivent :

Enfants :

« Je suis triste »

« J’ai peur quand les parents se disputent »

« Je n’aime pas quand ils ne sont pas d’accord à cause de moi »

Adolescents :

« Je me sens déchiré. »

« Moi, je ne peux pas choisir entre papa et maman » 

 « Les parents, j’ai peur que vous vous sépariez. »

 « J’ai peur d’être séparé de mes frères et sœurs. »

« Les parents, vous me dites qu’il ne faut pas qu’on se dispute et vous, vous vous disputez. »

Jeunes adultes :

« Grande souffrance » 

« Je n’aime pas quand un parent me prend comme son confident. »

« Moi je ne veux pas être le parent de mes parents. »

« Vous nous dites de ne pas nous disputer et vous vous disputez ! »

« Je n’arrive pas à vous respecter quand vous – mêmes, vous ne vous respectez pas l’un l’autre. »

« Avant que mes parents se séparent j‘aurais aimé qu’ils aillent en médiation »


En famille, entre parents, entre frères et sœurs, de très bonnes relations alternent avec des périodes de tensions, de décisions difficiles à prendre, d’adaptations nécessaires, de désaccords. Ceux-ci non solutionnés peuvent mener au conflit (chacun campe sur sa position). Les conflits non traités vont finir par s’enkyster et « pourrir » les relations familiales au quotidien.

Ces paroles d’enfants, nous motivent en tant que médiatrices, à promouvoir la médiation et plus spécifiquement, la médiation « préventive », préventive d’un durcissement du conflit qui pourrait amener à des ruptures successives :

- d’abord rupture de la communication parentale

- puis rupture de la relation avec menace de séparation

- et finalement séparation des parents.


La médiation : MARD ou ADR

La médiation fait partie des modes amiables de règlement des différends, (MARD ou ADR – amicable dispute résolution). Les champs d’expertise des médiateurs sont :  le règlement des différends, la gestion des conflits en famille et entreprise et l’accompagnement individuel ou en famille.

Les demandeurs de médiation familiale sont majoritairement les adultes. L’un des parents ou les deux font la demande d’une médiation conjugale ou parentale.

Les enfants à partir de 12-13 ans et / ou les adolescents peuvent venir en entretien de médiation soit pour s’exprimer soit pour écouter les décisions prises par les parents.

Il peut arriver qu’un jeune ou moins jeune adulte demande une médiation avec ses parents, la médiation devient intergénérationnelle.


Besoins, indicateurs de valeurs

En médiation familiale on travaille, entre autres, les besoins des parents et des enfants qui révèlent pour partie les valeurs personnelles et familiales.

A partir des paroles échangées en médiation à propos d’un conflit parental, il est possible pour le médiateur de dresser une liste des besoins de chacun.

Centrons-nous sur les besoins des enfants quand les parents sont en désaccord.

Un enfant a entre autre besoin : 

-    d’être apprécié et reconnu comme important à leurs yeux

-    de communiquer avec des parents disponibles- l’enfant absorbe comme une éponge la façon de   communiquer qu’il a expérimentée en famille

-    d’être à sa place d’enfant, ce qui signifie pour l’enfant de ne pas forcément être au courant des points de désaccords de ses parents et de ne pas assister à leur dispute sur des sujets récurrents qui ne trouvent aucun accord.

-    de ne pas être pris à partie par l’un ou l’autre des parents. L’enfant n’est pas en mesure de « choisir » entre les parents, ce qui l’entraine en conflit de loyauté quand les parents ne sont pas d’accord.

-    de vivre dans une ambiance bienveillante et sécurisante et non de « guerre »

-    d’être assuré que les parents vont être en capacité de dédramatiser un conflit, une guerre, une tension.

-         …..


De ces besoins repérés, il s’en suit des attentes non exprimées des enfants envers leurs parents.

Les enfants attendent de leurs parents qu’ils satisfassent leurs besoins d’enfant et donc :

-    qu’ils communiquent de façon constructive afin de permettre à l’enfant d’apprendre à communiquer en imitant leur style de communication

-    qu’ils aient une bonne qualité de présence, ce qui ne peut être le cas lorsqu’ils se disputent ou lorsqu’ils  ne se concentrent que sur eux-mêmes

-    qu’ils soient disponibles pour les accompagner dans leur croissance

-    qu’ils sachent reconnaitre leurs émotions d’enfants et leur apprennent à les gérer

-    qu’ils leur apprennent à rechercher des solutions lorsqu’ils se disputent

-    que les parents recherchent une solution à leurs désaccords, parce que s’ils ne le font pas et que le conflit persiste, l’enfant risque de se sentir en insécurité voir coupable.

-    que les parents fassent l’effort de comprendre pourquoi leur communication pose problème


Quel impact les conflits parentaux peuvent-ils avoir sur les enfants ?  

Il y a des enfants qui savent se protéger ; d’autres, qui ne le peuvent pas, vont être comme des éponges et vont « absorber » l’ambiance lourde, l’angoisse, l’énervement.

Les enfants qui savent se protéger auront tendance à manifester à voix haute leur besoin d’attention. Ils se mettront à crier, à mal se comporter ou à poser tout autre problème en fonction de l’âge et du sexe, avec pour seul but, d’attirer l’attention des parents sur lui pour faire en sorte que les parents arrêtent de se disputer.

Qu’en est-il pour les enfants qui ne savent pas se protéger ?

Chaque situation vécue, si elle n’est pas bien accompagnée, va laisser des traces sur l’enfant. Un enfant dont l’émotion est ignorée ou incomprise va développer un état de stress, il va se sentir menacé et en danger. Un sentiment de culpabilité va se développer.

Quand un enfant est longtemps exposé à une tension entre les parents, les effets négatifs se manifesteront tôt ou tard, en fonction de sa structure psychologique.

Chaque tension prolongée entre les parents, chaque désaccord manifesté sans recherche de solution sont autant de messages envoyés aux enfants : « les parents n’arrivent pas à se mettre d’accord », « ils ne trouvent pas de solutions ».

Dans ce moment-là les parents peuvent ne plus être en capacité de poser de paroles rassurantes. L’enfant n’existe plus aux yeux des parents qui ne se préoccupent plus que de ce qui est bien pour lui. L’enfant va apprendre qu’il n’est pas important pour les parents et que son avis ne compte pas.


« On est en conflit : que faire ? »

Les parents en tant qu’adultes, ont un défi à relever : celui de savoir résoudre les problèmes, les leurs et aussi ceux de leurs enfants qui n’ont pas encore la maturité et les clefs pour gérer les tensions de façon bienveillante et constructive.

Quel parent pourrait affirmer qu’il sait gérer tous les conflits quel que soit le contexte, dans la mesure où le conflit est inhérent à la relation humaine, d’autant plus qu’il s’agit des enfants- leurs êtres les plus chers qui se transforment au fils des années ?

Pour que les parents puissent bien accompagner leurs enfants il leur faudrait dans un 1er temps qu’ils prennent conscience de leurs propres comportements, modes de communication et de fonctionnement dans le conflit. Quelles valeurs importantes sont bafouées dans ces moments- là ? Quels besoins vitaux pour eux ne sont pas satisfaits ? Quelle est leur part de responsabilité dans ce conflit ?

Une solution simple existe pour les parents : travailler sur cette communication conjugale, parentale, familiale et sur la recherche de solutions mutuellement acceptables.

Certains parents, avant l’enkystement du conflit, osent la médiation préventive. Pour quels bénéfices ?

Qui peut mieux parler de l’impact de la médiation familiale préventive que les enfants ? Redonnons alors la parole aux enfants qui s’expriment à propos de l’initiative des parents d’aller en médiation :

« Les parents se reparlent »

« L’ambiance à la maison est beaucoup plus agréable »

« Je n’ai plus peur, les disputent se sont arrêtées »

« Mes parents me rassurent »

« Ma mère ne me prend plus comme confidente »

« Mon père me reparle »

…….

De telles paroles ne sont-elles pas motivantes pour des parents ?


Deux cadres : l’idéal et celui qui peut être moins idéal, mais aussi bénéfique

L’idéal serait que les deux parents se rencontrent dans un espace neutre, de préférence en présence des médiateurs, tiers neutres, impartiaux, tenus à la confidentialité, formés à la gestion des conflits.

Ce travail, processus court, peut se faire en quelques entretiens. Il permet aux parents de comprendre la dynamique de la mise en place de leur conflit à partir de leur type de communication, de prendre conscience de leurs responsabilités et pour terminer de rechercher, pour leur conflit, des solutions mutuellement acceptable.

Finalement, la médiation préventive est un espace où les parents vont pouvoir expérimenter ensemble d’autres manières de communiquer et rechercher de solutions qu’ils pourront ensuite reproduire dans leur sphère familiale.

Très vite, les parents qui font cet effort d’apprentissage expérimental en médiation, peuvent constater l’impact de leurs efforts à travers leur apaisement et celui des relations familiales.

Chacun pourra alors retrouver sa juste place : les parents et les enfants.


Si l’un des parents, pris par un agenda trop fourni, ne peut se déplacer, l’autre membre du couple peut demander d’être accompagnée par un médiateur en entretien individuel.

L’objectif du travail sera le même qu’en médiation plénière : dénouer le conflit existant, le comprendre, expérimenter d’autres manières de communiquer reproductible dans la sphère familiale, et enfin ouvrir les possibles dans les recherches de solution.

La personne ressourcée et ayant acquis des outils de communication et de résolution de conflit, sera à son tour en capacité de les transmettre aux autres membres de la famille. Ce processus est plus long mais néanmoins bénéfique pour la famille.


Espaces de médiation réel et virtuel

L’espace de médiation est un lieu neutre et sécurisé où les médiateurs, professionnels de communication, de la prévention et gestion des conflits, accompagnent les membres d’une famille. Lorsque le présentiel n’est géographiquement pas possible à mettre en place, les médiateurs internationaux ont l’habitude de travailler à distance avec des personnes qui peuvent vivre sous un autre fuseau horaire. Les nouvelles technologies permettent alors de faire ce travail par vidéoconférences dans le monde entier, pourvu qu’il y ait un accès à internet.

C’est en s’ajustant dans la communication en présence des tiers formés comme le sont les médiateurs, que les membres d’une famille progressent le plus vite et retrouvent leur juste place de parents, ce qui permet aux enfants de rester à leur place d’enfants avec leurs occupations et préoccupations d’enfants.


Article écrit pour Expats Parents par Anne Prot et Anna Saczuk

Anne & Anna Médiation Francophone

bureau@mediationfrancophone.com

http://mediationfrancophone.com/

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