Aide aux parents mis devant un défi qui les laisse désemparés parfois...
Il/Elle a arrêté(e) ses études pour partir ailleurs
Il/Elle a arrêté de travailler et prend une année (ou plus) sabbatique
C'est l'histoire de Caroline et sa soeur Laetitia, de Martin, de Stéphane , d'Isabelle, de Raphaëlle, d'Alice et de Sacha aussi.
C'est celle de leurs parents.
Caroline n'a jamais intégrée son école de commerce. Laetitia a fini son école d'infirmières, est partie après avoir travaillé. Quand Caroline s'est enfin posée, Laetitia est partie à la découverte de l'Australie où elle est encore aujourd'hui. Martin est parti en Patagonie 3 ans, au milieu de ses études. Stéphane est parti 6 mois à Madagascar. Isabelle est partie exercer ses talents de conteuse en Namibie. Alice a parcouru l'Amérique Latine . Raphaëlle a préféré partir avec un organisme. Quant à Sacha, il a pris une année sabbatique entre sa Licence et son Master pour découvrir l'Asie
A. Comment ont géré (ou gèrent) les parents ?
Les parents ont bien géré (ou gèrent bien) dans l'ensemble. Cependant, dans 80% des cas, les mères gèrent mieux que les pères. Tout simplement parce que, dans la majorité des cas, c'est plutôt la mère qui gère la famille.
Qu'ont en commun ces parents, à part peut être le fait de subir plutôt que de choisir ? Ce sont des parents ouverts et aimants. Des personnes qui ont fait confiance à leur enfant et à l'éducation qu'ils leur(s) a/ont donnée.
Ce sont des mères et/ou des pères qui ont ou font passer le bien être de leur enfant avant le leur. Vous allez me dire que tous les parents font ça, enfin oui tous, mais jusqu'à un certain point n'est ce pas ? Sinon c'est l'anarchie à la maison.
Chacun a fait à sa manière, pourtant, toutes et tous, ont eu les mêmes réflexions vis à vis du choix de leur(s) enfant(s) :
- S'il/elle est partie, c'est qu'il/elle en avait besoin.
- Cela n'a rien à voir avec l'amour qu'il/elle me/nous porte
- S'il/elle a besoin de me/nous joindre, il/elle sait où me/nous trouver
- Quand il/elle aura trouvé ce qu'il/elle cherche, il/elle posera ses valises
B. Ce qu'il faut savoir (afin de pouvoir dormir la nuit)
- Vous n'êtes pas seul(e)s.
- La plupart des jeunes ne partent pas à l'aventure sans un minimum de préparation, certains partent même avec des organismes. D'autres avec un trajet bien précis.
- Avec internet, si vous ne pouvez le/la suivre, il/elle peut vous contacter
- Vous l'avez élevé(e), vous pouvez lui faire confiance ou faire confiance aux bases que vous lui avez données.
C. Ce qu'il faudrait faire et ce qu'il ne faudrait pas faire (dans la mesure du possible)
- Le/la rassurer sur le fait que vous l'aimerez quoi qu'il arrive
- Lui dire que vous lui faites confiance, donc ne pas le/la juger
- Vous assurer que vous êtes toujours joignable
- Ne pas lui faire la morale ou l'empêcher de partir
- Essayer de garder le lien entre vous
D. Ce qu'en disent les jeunes
Caroline raconte que pour elle vivre au jour le jour, lui permettait d'avoir une certaine liberté et finalement d'un choix de comment mener sa vie et où aller. Pendant longtemps ses relations avec ses parents ont été conflictuelles parce qu'ils n'arrivaient pas à se parler sans pleurs ni cris. Pourtant Caroline le savait, sa mère aussi avait eu cette jeunesse faite de voyages et de rencontres avant d'épouser son père. Pourquoi ses parents ne voulaient pas accepter sa conception de la vie ? Elle était en bonne santé et trouvait toujours du travail entre deux voyages. Et puis, elle continuait à donner et recevoir des nouvelles via les réseaux sociaux. Ses parents savaient toujours où elle se trouvait. Elle s'est posée pour un temps, pour profiter de sa plus jeune soeur à laquelle elle manquait. Laissant la place à Laetitia.
Laetitia est toujours en vadrouille aujourd'hui. Elle en avait marre d'une vie toute tracée, de la monotonie de sa vie. Elle rêvait à travers les voyages de sa soeur. Son voyage, elle l'a bien préparé. Elle a pris ses économies et est partie. Laetitia a une chaine youtube où elle se filme et raconte ses rencontres. Elle a aussi des comptes Twitter et Instagram.
Alice a laissé de côté ses études et est partie avec ses économies. Elle donnait aussi des nouvelles via Twitter et Facebook. Ses parents ont toujours su où elle allait. Elle voulait vivre autrement, rencontrer des gens différents, casser la monotonie de sa vie. Aujourd'hui de retour à Bruxelles, elle a monté un projet avec sa copine Aline et elles travaillent ensemble. Alice aujourd'hui a ce sourire qui ne la quitte plus. Elle sait que rien n'est acquis mais qu'elle a la capacité et surtout la force de réussir et de rebondir si jamais elle venait à perdre son travail.
Stéphane est parti seul à l'étranger répondant à une annonce pour un job. Stéphane venait de passer 6 mois en rééducation et avait besoin de "revivre" ou plutôt d'essayer autrement. Sans attache, sans entrave. Donnant des nouvelles sporadiques via Facebook. Madagascar l'a changé, lui a "ouvert" les yeux, comme il dit. Il est rentré sur Paris, a repris contact avec la copine qu'il avait laissée en partant, et finalement, est reparti avec.
E. Quels organismes proposent des séjours de 3, 6 mois ou 1 an, pour les jeunes ?
- Workaway et Helpx proposent du travail en échange du gite et du couvert
- Wwoof, fait de même sur le thème du bio (World Wide Opportunities on Organic Farms)
- Opwall est une organisation de conservation de la faune et la flore dans différents pays et propose du travail sur leurs programmes de recherche.
- GVI est un programme de volontariat et de stages focalisés sur l'aide à autrui
- Années Sabbatiques propose des programmes de volontariat mais aussi des jobs à l'étranger
F. Quels pays proposent des Working Holiday Visas (Visa Vacances Travail) et de combien de temps ?
Ce type séjour touristique prolongé doit être effectué dans un cadre et selon des conditions précises :
- Le/la jeune (de plus de 18 ans mais moins de 30 ans) peut rester dans le pays choisi pendant toute la durée de validité du visa, soit 12 mois pour l’ensemble des pays partenaires (Australie, Nouvelle-Zélande, Argentine, Chili, Colombie, Japon, Corée du Sud, Uruguay, Taïwan), excepté pourSingapour où la durée maximum est de 6 mois et le Canada où la durée est de 24 mois maximumpour les ressortissants Français uniquement.
- Il/Elle est autorisé(e) à exercer un travail sur place (sous certaines conditions), ceci afin de financer son séjour. L’activité professionnelle ne doit cependant pas constituer l’essentiel du séjour.
- Dans certains pays, le jeune est également autorisé à suivre des études pendant un temps déterminé. Généralement, il/elle ne sera pas autorisé à s'engager dans une formation universitaire à vocation professionnelle et seuls les cours de langues sont acceptés dans le cadre de ce type de visa.
Une étude vient de paraitre récemment certifiant que l’envie de parcourir le monde serait liée au gène DRD4-7R, surnommé « le gène du voyage ». Chez les porteurs, ce gène se caractériserait par un haut niveau de curiosité, une bougeotte inapaisable et un amour du changement, de l’aventure et des nouvelles opportunités en général. Et puis, une psychologue, Ruth Van Reken, a mis en lumière, dans les années 60, le comportement des TCK ou en français les ETC (Enfant de la Troisième Culture), afin d'expliquer leur développement cognitif.
D'après ce que j'ai pu comprendre, ce sont des concepts qui essayent de mettre de la normalité dans les comportements des personnes, de familles qui ont choisi (ou non parfois) l'itinérance plutôt que la sédentarité (les expats, les bi-nationaux, les immigrés, etc...).
Ce que j'ai pu constater, c'est que, ces jeunes de moins de 30 ans n'ont que 2 choses en commun :
- Leur histoire, enfin celle de leur famille... Leurs parents ou grand parents ont vécu à l'étranger ou ont immigrés de l'étranger vers la France.
- Ils/Elles ne veulent ou n'ont pas voulu des règles établies par les traditions familiales ou sociétaires.
Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit ou écrit, ce n'est pas une fatalité et tous les jeunes ne partent pas.
Dans le système anglo-saxon, cette année de découverte ou gap year fait partie du cursus. Il est bien dommage que le système français n'y fasse pas référence. Cela n'a rien à voir avec l'année de césure proposée par certaines écoles post bac. L'année de césure faisant partie du cursus et étant réalisée en référence au cursus suivi.
La gap year est une année (ou plus) où le jeune part, en général, donner du temps aux autres. C'est un parcoursinitiatique, en quelque sorte. Il est fortement apprécié par les sociétés anglo-saxonnes qui auront tendance à lui faire plus confiance et lui donner des responsabilités, sachant qu'il ou elle ne quittera pas son poste à "l'appel du large."
Séverine Douilhet, coach en orientation pour les expatriés
http://coachingorientationexpat.over-blog.com/
* Les prénoms ont été modifiés
Etude sur le gène du voyage réalisée par C.Chen, M.Burton, E.Greenberger et J. Dmitrieva, de l'université du Massachusetts (en anglais) online.org/article/S1090-5138(99)00015-X/abstract ---TCK : http://www.tckworld.com/ (en anglais)