Pourquoi le retour en France après une expatriation est-il aussi dur (parfois !) ?
La France, c'est super ... tant qu'on est loin !
Je suis repartie en expatriation au Moyen-Orient depuis à peine quelques mois et dans ma nouvelle vie entourée de nombreuses américaines, à chaque fois que l'on me demande d'où je viens, réponse "Paris", c'est la fête aux "clichés" !
Vous y avez eu le droit, my "lovely french accent", la chance d'aller dans cette si jolie ville, et le Sud de la France et la nourriture, le vin, ...
Et effectivement ici la nourriture et le vin nous manquent pas mal et sont une source de discussions interminables des dîners d'expat francophones qui ont lutté pour trouver une baguette à servir à ce dîner ;-)
En effet, en expatriation, la France nous manque :
- un peu pour certains,
- beaucoup à la folie pour d'autres qui commencent à oser le dire sur les réseaux sociaux, à sortir de l'ombre de l'expat béat(e) de bonheur d'une vie tellement parfaite.
- et pas du tout du tout ?? C'est rare mais j'ai effectivement rencontré des expatriés qui jetaient le bébé français avec l'eau du bain, la France ayant perdu tout attrait à leurs yeux.
Et pourtant, et pourtant, au moment de rentrer en France après une, deux, trois expatriations, le retour en France est souvent bien compliqué.
En témoignent les nombreux post sur le groupe FB consacré au sujet, les articles, les services d'aide qui commencent à arriver ...
Alors pourquoi cela est-il si difficile de rentrer en France après une expatriation ?
Pourquoi, même si effectivement les langues se délient sur l'expatriation et ses difficultés, mais tout de même, pourquoi les témoignages sur l'expatriation sont beaucoup plus positifs ?
Je n'ai pas de réponses toutes faites puisque chacun à son histoire, j'ai essayé néanmoins de lister quelques éléments :
1. Le choix
L'expatriation est un choix dans la plupart des cas, on le vit avec excitation, comme un défi qu'on va relever.
Le retour en France peut à l'inverse être subi, les sociétés réduisant le nombre d'expatriés à l'étranger.
Le retour en France peut être un choix, mais parfois un choix de la raison :
- enfants qui doivent aller à l'Université
- enfants malades
- divorce
- parents vieillissants
Et ce choix de la raison est forcément moins excitant !
Il peut être aussi un choix par défaut : on rentre en France parce qu'on en a assez de bouger tous les 3/4 ans. On ne veut plus une situation (l'expat, la vie au Canada...) mais on ne réfléchit pas vraiment à ce qu'on veut à la place.
Enfin, certains veulent vraiment rentrer en France pour retrouver leurs familles, le pays, faire parler français... et ce sont sans doute ceux-là qui ont le plus de chance de réussir leur retour !
2. L'ouverture d'esprit
On part en expatriation avec l'envie de découvrir un nouveau pays, sa culture, ses habitants.
On arrive tout excité, tout est nouveau, ce qui n'est pas top à la chance d'être exotique, différent. On le découvre avec l'esprit ouvert, on a tendance à se dire "tiens c'est marrant qu'ils fassent ça comme ça ici", voire "ils sont un peu fous non ? " mais c'est toujours un peu fun, un peu la découverte.
Même les pires galères, on les écrit sur un blog, nos copains et nos familles s'en délectent... Ce n'est pas tout à fait pareil que la queue à la Préfécture pour faire réimmatriculer son véhicule en France.
Pourtant objectivement certaines galères à l'étranger valent bien la France, d'autant qu'en plus de la joyeuseté de la situation administrative, on peut ajouter souvent la barrière de la langue.
Je me souviens avoir dû faire immatriculer ma voiture aux Pays-Bas, j'y suis retournée 3 fois car il manquait toujours quelque chose et que les papiers non informatisés étaient uniquement en néerlandais ... Quand j'ai dû refaire la même chose dans l'autre sens en France, au moins que je comprenais les papiers ;-)
Mais je suis sûre que parmi tous ceux qui trouvent dingues les papiers à fournir pour ouvrir un compte, trouver un appart... vous avez vécu des situations aussi casse-pied à l'étranger ... Non ? Vraiment ?
3. L'aide
En dehors, du choix et de l'état d'esprit qui font vivre ces situations différemment, il y a aussi l'aide.
En effet, les expatriés sont souvent, pas tous, aidés lors de leurs départs avec :
- un travail avec un contrat pour au moins un des conjoints
- une assurance santé : donc pas de problème de sécu et de carence
- un logement avec une aide au logement et parfois une aide pour le trouver
- souvent une école française / internationale donc pas de problème d'école qui dépend du logement ...
Bien sûr tous les expats n'ont pas toutes ces aides, mais souvent la vie est facilitée.
Et après toute cette période d'aide, le retour en France est forcément brutal puisqu'il faut tout reprendre en main seul, dans des délais souvent un peu courts, avec tout qui dépend de tout puisqu'il faut un travail pour un logement, un logement pour une école, etc.
Ceci engendre un stress énorme.
Ce stress
+ les joies de la paperasserie que nous avions peut-être eu la chance d'abandonner quelques années
+ plus une situation pas forcément choisie donc un état d'esprit qui n'est pas vraiment à la découverte
+ plus ne l'oublions pas le fait que nous sommes français donc râleurs !
= c'est la crise, on craque !
Comment réussir son retour en France après une expatriation ?
1. Essayez de regarder la France que vous retrouvez comme vous regarderiez un pays d'expatriation, avec humour et esprit de découverte.
Oui c'est plus facile à dire qu'à faire !
En dehors des questions de trouver un travail, une voiture, un logement, une école, la sécu, les impôts ... (what else ?)
Il y a aussi la question de trouver sa place quand on a l'impression d'être E.T parmi ces Français dont le plus grand voyage est la Crète (cliché!) et qui pensent qu'on est forcément très riche, très privilégié, qu'on ne faisait rien chez nous entouré d'un énorme personnel de maison ... Et oui décidément la fête au cliché !
Et si vous avez la joie de retrouver du travail après une expatriation comme conjoint suiveur, vous pourrez peut-être goûter à cette petite phrase merveilleuse
"alors pas trop crevé(e) après 3 ans de glandouille" ?!
Et oui, ça sent le vécu, la méditation découverte pendant l'expatriation est dans ce cas très utile puisqu'il est assez fortement déconseillé de frapper ses nouveaux collègues ;-)
Mais réussir à en rire, à partager cela avec le même regard amusé, bienveillant qu'on avait en expatriation peut nous aider lors de ce retour quand il faut :
- retourner anonyme au siège de notre entreprise où l'on a l'impression que tout est gris et lent
- dans le RER
- dans les embouteillages du périph' ...
Et comme en expatriation, il faut se laisser le temps de se réintégrer.
2. Se faire aider lors de son retour en France
Les entreprises commencent à comprendre qu'il est vraiment important d'aider leurs expatriés alors aider les impatriés va peut-être être long... De plus vous ne rentrez pas forcément dans la même société.
Pourtant se faire aider, ne pas être seul face à toutes ces questions est clé.
Les groupes FB d'entraide et le nombre d'échanges en témoignent.
· Pour trouver un emploi :
L'aide à la recherche d'emploi peut concerner :
- celui ou celle qui a travaillé à l'étranger pour se repositionner sur le marché français avec au besoin un CV, un profil LinkedIn à jour ..
- celui ou celle qui n'a pas travaillé en expatriation mais qui veut/doit travailler en rentrant en France. L'accompagnement sera là pour mettre en clair son projet, valoriser ses expériences y compris en bénévolat etc.
Vous pouvez trouver des informations sur les services d'aide ici https://www.ufe.org/je-cherche-un-emploi-en-france
· Pour l'administratif : https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/R43958
· Pour trouver des nounous : https://yoopies.com/
Au final, ce retour en France pourrait être facilité s'il était mieux encadré, s'il y avait plus d'aide, comme pour l'expatriation...
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Article écrit pour Expats Parents par Annaïck Haulle
Site professionnel (accompagnement professionnel) : https://www.ah-accompagnement.com