Comment accompagner nos enfants lors d’une nouvelle expatriation en ces temps incertains ?

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Ça y est ! Cette fois-ci c’est sûr, l’aventure de l’expatriation est une nouvelle fois en marche, vous embarquant en famille dans un autre pays. Excitation, peur, stress…c’est le cocktail des émotions pour vous… mais aussi bientôt pour vos enfants. Quand leur annoncer ? Comment accueillir leurs réactions et leurs émotions ? Que leur proposer afin de vivre au mieux ce moment si spécial en famille ?

Voici quelques réflexions, fortement inspirées du livre écrit par Cécile Gylbert, "Enfants Expatriés: Enfants de la Troisième Culture"

 

Quand l’annoncer ?

C’est une question particulièrement légitime dans le contexte d’un déménagement international, à savoir, quand faut-il annoncer le départ aux enfants ? La peur de l’annoncer trop tôt ou trop tard est un sentiment récurrent chez les familles expatriées. 

Ici, la réponse se veut pragmatique : il semble judicieux de l’annoncer dès que la décision est prise. Il est tout aussi important de ne pas demander aux enfants de garder le secret, ce qui pourrait être clairement difficile voire impossible pour eux, et complexifier la situation inutilement.

Nous savons O combien les réactions pourront être multiples et variées en fonction des enfants, du fait de leur âge (et donc de leur maturité cérébrale) mais aussi leur personnalité. Il est particulièrement important ici de donner du temps aux enfants pour qu’ils acceptent cette nouvelle.

Qu’entend-on par donner du temps ? Ici, c’est accepter d’entendre et valider toutes les émotions et l’avis des enfants en apprenant cette grande nouvelle, quand bien même cela peut nous paraitre long, à nous, adultes. 

Cela semble facile lorsque les retours sont composés d’enthousiasme et d’excitation, beaucoup moins lorsque nous faisons face à de la colère ou la tristesse.

L’écoute active, si précieuse en terme d’accompagnement, prendra une place toute particulière tout au long de ce chemin.

 

Voila ! Ça y est ! 

Vous avez enfin annoncé la grande nouvelle à vos enfants. Ouf ! Enfin pas si ouf que ça, puisque les réactions ont sans doute été différentes et certaines très inattendus. Comment réagir devant ce panel de sentiments et de réactions variées ? C’est ici que nous en venons à l’écoute active, sans doute notre meilleur allié dans ce contexte, mais aussi pour toute notre vie !

 

Oui, mais comment écouter son enfant ?

En effet, la majeure partie du temps, nous écoutons pour apporter une réponse. Nous souhaitons offrir du réconfort et du soutien. Pourtant, écouter véritablement et surtout activement son enfant (ou qui que ce soit d’autre !) consiste à entendre l’autre pour le comprendre. 

Ainsi, nous n’essayons plus d’apporter réconfort ou soutien, nous écoutons l’autre pour comprendre réellement ce qu’il vit, ressent, traverse. Nos questions serviront à mieux cerner les dires, permettant à l’autre d’être entendu et de s’entendre dire également, ce qui apporte un grand soulagement chez celui qui s’exprime. Grâce à nos retours et nos formulations de ce que nous comprenons, l’enfant va ainsi pouvoir explorer plus profondément ses émotions, ses craintes, ses pensées. On pourra commencer par répéter ce qu’il dit, puis reformuler ses phrases avec notre propre vocabulaire (notamment celui des émotions, qu’on n’hésitera pas à étayer avant, voir ci-joint la liste des besoins et sentiments partagés par tous les humains. Attention à ne pas tomber dans les interprétations ou idées préconçues.

 

Quand nos enfants ont un espace pour dire et affiner leurs pensées, vivre leurs émotions sans jugements, ils sont déjà sur le chemin de la résilience. Ils acquièrent ainsi la compétence consistant à résoudre les problèmes par eux-mêmes, grâce à notre présence et nos questions, mais aussi parfois notre silence ! En effet, on s’appliquera à parler uniquement lorsque celui-ci aura fini de s’exprimer. Une attitude bienveillante et neutre est encouragée, tandis que les jugements sont à proscrire, car ils brideront la parole de l’enfant.

Il n’est pas toujours possible, surtout lorsqu’on débute, de pratiquer l’écoute active. Pour cela, certains critères doivent être réunis. En tout premier lieu, un moment où l’on se sent en forme, disponible et prêt à tout entendre, sont des dispositions qui engageront la discussion sous de meilleures auspices. N’hésitez pas à adopter une attitude physique de disponibilité, ainsi que de nombreux signes visuels et verbaux pour lui témoigner votre plus sincère intérêt. 

Une communication sous le signe d’une écoute active efficace se manifestera, dans un premier temps par un apaisement chez votre enfant. Vous pouvez alors synthétiser votre conversation (ou plutôt ses dires, du problème à la résolution) et mettre en évidence les solutions trouvées par votre enfant, et enfin, remercier votre enfant pour s’être exprimé ainsi.

 

Faire le point sur la vie actuelle (modélisation)

Quelles étapes traversons-nous et qui nous permettent d’avancer sur le chemin de la transition ?

Il existe de multiples manières de nous préparer au changement. Il est d’autant plus agréable ou simplement bienfaisant de le partager avec ceux qui nous entourent, conjoint comme enfant. C’est comme toujours une belle façon de modéliser et montrer aux enfants comment faire.

Voici quelques suggestions : « Pour faire le point » 

  •  La vie actuelle : j’aime vivre ici. J’aime avoir autant de temps de qualité avec vous : pouvoir jouer, parler et rire ensemble ici. Toutefois, je ressens un fort besoin de rapprochement avec notre famille. Je me sens loin d’eux et aimerais partager plus de moments avec eux.
  • Ce que l’on aime et de ce que l’on n’aime pas. J’adore la cuisine locale et le sourire des gens, je n’aime pas la circulation et la mauvaise qualité de l’air…
  • Identifier les gens et les lieux qui vont nous manquer (et ceux qui ne vont pas nous manquer)
  • Sur soi-même et sur sa famille : partager les interrogations, les attentes, les inquiétudes. Je suis curieuse de savoir à quoi ressemblera notre maison !

 

Ces témoignages que nous partageons auprès de nos enfants sont abordés avec eux du point de vue des sentiments, mais aussi des pensées et des envies.

Il est important de laisser tout le temps nécessaire aux enfants pour y réfléchir et témoigner quand ils en ont réellement envie, ou sont prêts. La patience est importante.

 

Se projeter

Une fois qu’une vraie place aura été accordée à l’écoute et l’acceptation (même si toutefois deux phases peuvent se chevaucher), vient l’étape de la projection.

Se renseigner sur le futur pays, imaginer ensemble la vie là-bas, préparer un exposé, se familiariser avec la langue (Vivaling pour l’initiation à la langue du pays), se rendre dans le pays auparavant lorsque c’est possible, Google Streets, identifier le pays sur le globe, créer un mini espace qui réunisse des éléments du pays d’accueil (photos, objets, anecdotes, livres, film…), échanger avec des enfants dans le futur pays, des activités autour du monde, lire des livres pour se préparer à l’expatriation

 

Puis, viendra le temps de l’implication. Non pas uniquement dans le processus de décision mais aussi d’ACTION.

Afin de les impliquer dans le processus de décision, Il peut être opportun de les faire participer un maximum dans les CHOIX qui les concernent plus particulièrement comme l’école, la future maison, les activités…

Mais aussi en ce qui concerne l’ACTION, par le biais du Tri, des achats ou encore des démarches administratives, faire les cartons avec les enfants, leur assigner des responsabilités, leur demander de choisir des objets/jeux importants dont ils ne veulent pas se séparer et aussi élaborer un calendrier avec toutes les choses importantes à ne pas oublier d’ici le départ.

 

Pour tourner la page plus facilement, les rituels de clôture peuvent être d’une très grande aide, comme par exemple posséder des objets sacrés , dire au revoir aux lieux, retirer la décoration de la chambre des enfants au dernier moment, organiser une fête pour eux, dire aurevoir à leur entourage (écrire une carte/ réaliser un montage photo pour la famille, offrir un cadeau personnel, laisser une trace, un souvenir, Créer une boite à souvenir : offrir une jolie boîte dans laquelle ils rangeront leurs petits souvenirs de ce lieu qu’ils quittent. 

 

« Les enfants ont parfois peur d’oublier mais aussi d’être oubliés par ceux qu’ils quittent »

 

Le voyage et l’arrivée

Les premières impressions sont importantes : les gens, les lieux, les odeurs, la nourriture, les bruits…

Aucun mot ne décrit mieux les sensations que nous éprouvons lors de l’arrivée dans un nouveau pays. Les premières impressions des enfants sont essentielles. Savoir gérer l’arrivée est tout aussi important que de préparer le départ. Car ces premières heures et semaines dans un environnement ou tout rappelle qu’ils ne sont plus « chez eux » sont souvent décisives pour les mois qui suivront.


Assurer la continuité / Rester en contact avec la vie d’avant

La Continuité est un paramètre fondamental dans une expatriation, encore plus lors d’une série d’expatriations successives.

Les parents ont bien évidemment un rôle prépondérant pour assurer cette continuité : Nommer les objets sacrés, ce dont on ne se sépare jamais, ceux qu’on appelle parfois les racines portables. Faire faire une liste aux enfants des objets avec lesquelles ils souhaitent voyager en avion (doudou, photo, cadeau…) qui sont de vrais Objets transitionnels.

Maintenir les routines familiales (travail ménager, heure et rituels de coucher…), mais aussi conserver donc les rituels familiaux ET en créer de nouveaux. Cela permet de resserrer les liens entre les membres de la famille et les aider à évoluer ensemble dans cette période d’adaptation. La continuité des rites sécurise les membres de la famille qui doivent d’adapter à de nouvelles réalités. Elle contribue également à renforcer l’identité et la cohésion familiale. Cela passe par les activités quotidiennes mais aussi les occasions spéciales, anniversaires, fêtes, etc… Ils alimentent le sentiment d’appartenance des membres de la famille et enrichissent les relations.

Il est sage de garder en tête l’importance de rester en contact : écrire des mails, chatter, prendre et envoyer des photos, se téléphoner, conserver un réseau amical. La notion de fidélité envers leurs amis, quelle que soit la distance, rassure enfants et adultes. 

 

En temps de crise sanitaire mondiale

Dans cet article, nous avons essentiellement abordé la préparation à une nouvelle expatriation. C’est un exercice qui sera désormais d’autant plus complexe étant donné la crise sanitaire et sociale que nous traversons. Les directives politiques en temps de crise sont très diverses, il faut donc aussi savoir aborder ce qui changera foncièrement dans votre quotidien une fois dans le nouveau pays : existe-t-il des gestes barrières à respecter ? Le masque est-il obligatoire, et ce à partir de quel âge ? La mise en quarantaine à l’arrivée est-elle applicable dans ce pays, le confinement y est-il d’actualité ?

Enfin, le cheminement vers une nouvelle expatriation ne s’interrompt pas à l’arrivée dans le nouveau pays. L’adaptation sera une étape plus qu’importante et à considérer à sa juste valeur. Comment rester en contact avec notre vie d’avant, comment se faire de nouveaux amis, apprendre la langue du pays sereinement ? Et puis, ne pas hésiter à regarder en arrière pour faire un premier bilan grâce, encore une fois à l’écoute active, et comprendre où se trouvent les inquiétudes, les doutes, mais aussi la part de positif que cette nouvelle expérience aura semée. Vous pouvez passer par le jeu, voie royale afin d’échanger sur le sujet avec les enfants, en voici un exemple.

En ces temps incertains, l’écoute afin de comprendre, et non pas pour répondre, et notre plus bel atout pour accompagner les enfants vers un futur, au fil des jours, toujours plus connu.

 

Ecrit pour Expats Parents par Claire Marlier Maurice, Accompagnante en parentalité respectueuse pour les familles expatriées, multiculturelles et plurilingues.

Pour plus de renseignements : www.famille-eclairee.com